mardi 11 juillet 2017

"Mercier et Camier" de Samuel Beckett

"Mercier et Camier" de Samuel Beckett.
Ed. de Minuit 2016. Pages 212.

Résumé: Mercier et Camier nous invitent au voyage. La contrée qu'ils vont parcourir, une île jamais nommée, est parfaitement reconnaissable. C'est l'Irlande, merveilleusement décrite ici, avec ses landes de bruyères, les jetées de ses ports lancées vers le large pour enlacer la mer, ses sentiers parmi les tourbières, les écluses du canal de Dublin, tout un paysage si cher à Samuel Beckett et si souvent présent en filigrane dans toute son œuvre. Le but du voyage de Mercier et Camier n'est guère précis. Il s'agit " d'aller de l'avant ". Ils sont en quête d'un ailleurs qui, par nature même, s'abolit dès qu'il est atteint. Leurs préparatifs ont été extrêmement minutieux, mais rien ne se passe tout à fait comme prévu. Il faut d'abord parvenir à partir ce qui n'est jamais une mince affaire. Il faudra ensuite rebrousser chemin pour moins mal se remettre en route derechef. Il pleuvra énormément tout au long du voyage. Ils n'ont qu'un seul imperméable à se partager et, après maints efforts, leur parapluie refusera définitivement de s'ouvrir. Leur unique bicyclette va bientôt être réduite à peu de chose : on a volé les deux roues. Cependant, mille embûches ne peuvent les faire renoncer à quitter la ville. Mercier et Camier vont nous entraîner par monts et par vaux, et d'auberges en troquets où le whisky redonne courage. C'est qu'il faut du courage pour affronter leurs rencontres souvent périlleuses avec des personnages extravagants, cocasses ou inquiétants, voire hostiles, au point qu'un meurtre sera commis. De quiproquos en malentendus, de querelles en réconciliations, ainsi va le constant dialogue entre Mercier et Camier qui devisent et divaguent chemin faisant. Mercier et Camier sont unis dans l'épreuve et, si différents que soient leurs caractères, ils semblent à jamais indissociables. Cette solidarité survivra-t-elle aux péripéties du voyage ? Où vont-ils aboutir et peuvent-ils demeurer inchangés au terme d'une pérégrination si mouvementée ? 

La 7 de la page 7: "C'est une averse, plus ou moins prolongée, dit Mercier." 

"Mercier et Camier" est une oeuvre de Samuel Beckett, écrite en français par l'auteur et dramaturge irlandais. Si il est écrit en 1946, le roman ne sera pas publié avant 1970. 
Dès le départ, on ressent bien la patte de Beckett: deux personnages qui se cherchent sans se trouver alors qu'ils sont déjà, tout deux, présents. Ca nous rappelle quelque chose. 
La dualité du texte de "Mercier et Camier" est, elle aussi, propre à Beckett. On entre dans l'absurde et une réalité violente nous est offerte grâce à des métaphores dures qui dépeignent une réalité cruelle. Beckett est habile et nous envoie son message de manière cachée et pourtant tellement claire. 
L'écriture de l'auteur irlandais est exigeante et demande de la concentration à son lecteur. Beckett l'oblige à sortir de ses habitudes de lecture et de sa structure narrative plus conventionnelle. 
Mercier et Camier errent sans savoir réellement pourquoi, comme chacun d'entre nous. La destination, en elle-même, ils l'ignorent mais ils continuent quand même, inlassablement. Allégorie de la vie s'il y en a. Dans ce roman de Beckett, on rencontre des personnages burlesques et pourtant touchants par leur humanité. Où commence Mercier et où termine Camier, nous ne le saurons sans doute jamais. Un roman atypique sur deux êtres qui ne le sont pas moins. L'absurdité de l'être et de ses fondements, avec douceur et poésie. Un très bon moment de lecture. 

Extrait: "Assis au comptoir, ils devisèrent de choses et d'autres, à bâtons rompus, suivant leur habitude. Ils parlaient, se taisaient, s'écoutaient, ne s'écoutaient plus, chacun à son gré, et suivant son rythme à soi. Il y avait des moments, des minutes entières, où Camier n'avait pas la force de porter son verre à sa bouche. Quant à Mercier, il était sujet à la même défaillance."

vendredi 7 juillet 2017

"La malédiction de l'épouvanteur" de Joseph Delaney

"La malédiction de l'épouvanteur" de Joseph Delaney.
Ed. Bayard Jeunesse 2011. Pages 362.
Titre Original: "The Spook's curse"

Résumé:
Voilà six mois que tu es l'apprenti de M. Gregory, me dit maman. Tu as déjà été témoin de bien des événements. A présent, l'obscur t'a remarqué et va tenter de te neutraliser. Tu es en danger, Tom. Toutefois, rappelle-toi ceci lorsque tu seras un homme, mon fils, ce sera au tour de l'obscur d'avoir peur, car tu ne seras plus la proie, tu seras le chasseur. C'est pour cela que je t'ai donné la vie." L'Épouvanteur et son apprenti, ornas Ward, se sont rendus à Priestown pour y achever un travail. Dans les profondeurs des catacombes de la cathédrale est tapie une créature que l'Épouvanteur n'a jamais réussi à vaincre. On l'appelle le Fléau. Tandis que Thomas et M. Gregory se préparent à mener la bataille de leur vie, il devient évident que le Fléau n'est pas leur seul ennemi. L'inquisiteur est arrivé à Priestown. Il arpente le pays à la recherche de tous ceux qui ont affaire aux forces de l'obscur! Thomas et son maître survivront-ils à l'horreur qui s'annonce?

La 7 de la page 7:" Il ignorait qu'elle avait envoyé chercher l'épouvanteur." 

"la malédiction de l'épouvanteur" est le deuxième tome de la saga de Joseph Delaney. Et on peut dire que les choses commencent sur les chapeaux de roues. Tom entrave son premier gobelin et dès les premières pages, prend de l'envergure. De plus, on en apprend un peu plus sur l'épouvanteur. 
Tout de suite, dans ce tome, Tom et son maître se retrouvent en mauvaise posture. L'épouvanteur est présenté sous un jour nouveau, beaucoup plus sombre. 
Si le premier tome nous avait déjà emmené assez loin, ce deuxième volet nous transporte au-delà. Encore plus de rythme. Encore plus d'action. Sans oublier l'ombre d'Alice qui plane. 
Les personnages prennent en consistance et la narration est toujours aussi percutante. Delaney est très bon pour faire monter la pression. Tom est de plus en plus puissant et Alice de plus en plus énigmatique. Le seul reproche que l'on peut faire au personnage de Delaney est qu'il n'est quand même pas très vif d'esprit. On lui pardonne tout de fois en raison de son jeune âge. 
ce deuxième tome se termine en apothéose et nous laisse entrevoir une suite excellente. 

Extrait: "J'inspirai profondément et me rassurai en pensant que, puisqu'il ne s'était pas rué par l'ouverture de la grille lorsque Andrew l'avait ouverte, c'est qu'il n'avait pas encore perçu ma présence. Et, si les catacombes étaient aussi immenses qu'on le prétendait, le Fléau se trouvait peut-être à des milles de là! Quoi qu'il en soit, que faire, sinon avancer? La vie de l'Epouvanteur et celle d'Alice dépendaient de ma réussite.

"Le serment du silence" de Linda Castillo

"Le serment du silence" de Linda Castillo.
Ed. France Loisirs 2010. Pages 516.
Titre Original: "Sworn to Silence"

Résumé: Une petite ville paisible de l’Ohio abritant une communauté Amish connaît une série de crimes odieux. Le shérif du coin, Kate Burkholder, a elle-même été victime d’un tueur en série seize ans auparavant. Elle a pu s’échapper et a finalement abattu et enterré son violeur. Pourtant, le tueur d’aujourd’hui laisse les mêmes indices sur les scènes de crime...

La 7 de la page 7: "Il remonta la fermeture Eclair de son manteau jusque sous son manteau, attrapa le vide poche, sa lampe torche et sortit de la voiture." 

Bon, on ne va pas se mentir "Le Serment du silence" n'est sans doute pas le thriller le plus exceptionnel qui ai jamais été écrit. Loin de là. Les personnages sont intéressants sans pour autant être transcendants. L'intrigue est certes efficace mais assez prévisible. "Le serment du silence" n'est clairement pas une révélation. 
Un roman qui se laisse lire sans pour autant enthousiasmer le lecteur. Rien de bien mémorable. 
La seule originalité du roman est qu'il se déroule chez les Amishs. Et même cela, au bout d'un moment, ça n'impressionne plus grand monde. L'auteure aurait pourtant, on le sent, pu nous emmener bien plus loin que cela. C'est dommage. Pas vraiment une déception et certainement pas une découverte. 

Extrait: "Elle ne croyait plus aux monstres depuis l'âge de six ans, lorsque sa mère, le soir, regardait sous son lit et dans le placard pour s'assurer qu'ils n'étaient pas tapis dans l'ombre.  Pourtant, à vingt-et-un ans, ligotée, brutalisée et étendue nue sur le sol en ciment aussi froid qu'un lac gelé, elle se dit que les monstres existaient pour de vrai."

"L'apprenti épouvanteur" de Joseph Delaney

"L'apprenti épouvanteur" de Joseph Delaney.
Ed. Bayard Jeunesse 2005. Pages 276.
Titre original: "The Spook's Apprentice"

Résumé: Septième fils d'un septième fils, Tom perçoit les ombres de ceux qui ont peuplé la terre et ressent la présence des êtres maléfiques. A treize ans, il doit quitter la ferme pour devenir l'apprenti de l'épouvanteur, chasseur de démons et sorcières. Commence alors pour lui une nouvelle vie, difficile. N'écoutant que son bon coeur, il va permettre la libération d'une sorcière particulièrement cruelle que son maître a enfermée dans un puits. Il aura alors à l'affronter à plusieurs reprises avant de la voir disparaître à tout jamais.

La 7 de la page 7: "Avec un boulot pareil, ta fortune est assurée." 

Si vous cherchez un roman pour introduire le monde du fantasy à un public jeune, arrêtez de chercher, on vous présente "L'apprenti épouvanteur" de Joseph Delaney. 
Premier tome qui en compte, actuellement treize. Si les codes du fantasy sont bien présents, la plume et l'intrigue s'adaptent bien à un public plus jeune sans pour autant décevoir les plus âgés. 
On se prend immédiatement d'affection pour Tom, le héro principal. Le jeune garçon voit son destin basculer lorsqu'il entre au service d'un épouvanteur. On entre, en compagnie de Tom, dans le monde des gobelins et autres créatures, avec un plaisir non dissimulé. Tom est un peu (beaucoup) naïf mais il faut bien garder en mémoire que ce roman est destiné à un public jeune. Et ce roman en question est assez bon. Très bon même. On attend la suite avec impatience. Un très bon roman d'introduction à une suite qu'on espère tout aussi bonne. 

Extrait: "Juste après la demie de onze heures, la créature en bas, recommença à creuser. Puis des pas lourds montèrent de nouveau les marches de pierre. De nouveau la porte de la cuisine s'ouvrit, et les bottes sonnèrent sur le carrelage de la salle. J'étais pétrifié. Seul mon cœur bougeait encore, cognant contre mes côtes à les briser. Et cette fois, les pas ne se dirigeaient pas vers la fenêtre. Ils vinrent droit sur moi, poum, poum, poum... Une main invisible me saisit par le col et me souleva, à la manière d'une chatte transportant son chaton.

"Histoire de Lisey" de Stephen King

"Histoire de Lisey" de Stephen King.
Ed. Le Livre de Poche 2009. pages 757.
Titre Original: "Lisey's story"

Résumé: Pendant vingt-cinq ans, Lisey a partagé les secrets et les angoisses de son mari. Romancier célèbre, Scott Landon était un homme extrêmement complexe et tourmenté. Il avait tenté de lui ouvrir la porte du lieu, à la fois terrifiant et salvateur, où il puisait son inspiration. À sa mort, désemparée, Lisey s'immerge dans les papiers laissés par Scott, s'enfonçant toujours plus loin dans les ténèbres qu'il fréquentait... Histoire de Lisey est le roman le plus personnel et le plus puissant de Stephen King. Une histoire troublante, obsessionnelle, bouleversante, mais aussi une réflexion fascinante sur les sources de la création, la tentation de la folie et le langage secret de l'amour. Un chef-d'œuvre.

La 7 de la page 7: "Mais..." 

Ce ne sera une révélation pour personne si je déclare ici que j'ai rarement été déçue par un roman de Stephen King. Et c'est tout en sachant cela que je vous présente "Histoire de Lisey". Et je n'ai vraiment pas aimé. Je ne me suis absolument pas intéressée aux personnages. Et jamais l'histoire ne m'a interpellée. Je me suis fermement ennuyée. C'était long. C'était lent et particulièrement décousu. Tourner les pages d'un Stephen King avec ennui est une expérience nouvelle pour moi. Je n'ai pas grand chose à dire sur ce roman mis à part que je suis totalement passée à côté. Et comme je n'ai vraiment rien de positif à en dire, je préfère m'arrêter là et vous conseiller les autres King. Vraiment n'importe lequel. Il sera de toute façon bien meilleur que "Histoire de Lisey". 

Extrait: " Elle resta longuement étendue sur le lit, à se souvenir d'un jour brûlant à Nashville et à songer -pas pour la première fois- qu'être seule après avoir été deux si longtemps était une bien étrange merdre, en vérité. Elle aurait cru que deux ans auraient suffi pour que l'étrangeté s'efface, mais non; le temps apparemment ne faisait qu'émousser le tranchant le plus acéré du chagrin de sorte qu'il te hachait menu au lieu de te découper en tranches.