mardi 29 décembre 2015

"Profanation" de Jussi Adler-Olsen


“Profanation” de Jussi Adler Olsen
Ed. Le Livre de poche 2014. Pages 572.
Titre original: “Fasandraeberne” 

Résumé:  En 1987, le meurtre atroce d'un frère et d'une sœur avait défrayé la chronique. Malgré les soupçons pesant sur un groupe de lycéens d'une école privée de Copenhague, l'enquête s'était arrêtée, faute de preuves... Jusqu'à ce que neuf ans plus tard, l'un des garçons (le seul « pauvre » de la bande) s'accuse du crime. Affaire classée.
Pour une raison inexplicable, le dossier ressurgit soudain sur le bureau de l'inspecteur Carl Mørck, chef de la section V. Intrigué par les circonstances, l'inspecteur, toujours accompagné de son acolyte Assad, décide de reprendre l'enquête. Elle le mène sur la piste de l'énigmatique Kimmie, prostituée, voleuse, semi-clocharde, qui était alors la seule fille de la bande, et celle de trois hommes, les plus riches du Danemark...

La 7 de la page 7: “Même les voleurs étaient rentrés se mettre au chaud.”

“Profanation” est un thriller assez simple et bien construit. Et c’est justement ce qui fait sa force. L’histoire n’est pas trop difficile à appréhender et c’est justement ce qui rend ce livre intéressant et agréable. On entre pas dans une histoire alambiquée et trop complexe pour qu’on puisse s’y plonger à fond. Ici, tout est simple et assez limpide. Et pourtant, on se laisse prendre au jeu avec une facilité déconcertante.
L’auteur danois nous livre un roman sans prétention et cela fait un bien fou. Trop de thrillers tentent de nous balader dans tous les sens. Ce n’est pas le cas ici. On suit les aventures de Carl Morck et de son collègue Assad avec plaisir et décontraction. Cela n’est pas pour cela que l’intrigue n’est pas diablement efficace ou est dépourvue de rebondissements. Bien au contraire. On se délecte des malheurs de la petite bande de bourgeois danois. Bande totalement perverse et sadique. On se réjouit de leur chute. On l’attend avec impatience. C’est justement dans la dualité des protagonistes dits “gentils” et des “méchants” que se déroule le bras de fer. Olsen nous présente des personnages sans scrupule, sans remord. Et on adore les détester.
“Profanation” est un très bon thriller qui se laisse lire facilement et par lequel on se laisse emporter avec une facilité déroutante.

Extrait: “Je ne suis pas sûr d’être bon juge en la matière. Mais entre le gars qui se met un coup de carabine dans les roubignoles, celui qui gagne sa vie en bourrant les femmes de botox et de silicone, le troisième qui fait défiler des gamines anorexiques pendant que les gens se rincent l’œil, un quatrième qui purge perpète, le cinquième dont la spécialité est de permettre à des riches de gagner du fric sur le dos de petits épargnants mal informés, et la dernière qui est dans la rue depuis maintenant douze ans, en fait, je ne sais pas quoi en penser.”

samedi 12 décembre 2015

"Le Magicien d'Oz" de Frank Lyman Baum


“Le Magicien d’Oz” de Frank Lyman Baum
Ed. Pocket 2014 .Pages 179.
Titre original: “The Wonderful Wizard of Oz”

Résumé: Dorothée, la petite orpheline au rire cristallin, vit avec son chien Toto dans une ferme retirée du Kansas, auprès de son oncle Henri et de sa tante Em. Rien ne semble devoir perturber son existence paisible et joyeuse...jusqu'au jour où un formidable cyclone vient tout bouleverser. Encore assommés par le choc, Dorothée et son compagnon se réveillent, le lendemain matin, dans une bien curieuse contrée...Ici ,les sorcières ressemblent à des fées, les arbres sont doués de parole et les rêves les plus fous se réalisent. A condition, bien sûr, de les formuler devant le Grand Magicien d'Oz. Se lançant à la recherche du mystérieux personnage, la fillette croise en chemin, l’Épouvantail sans cervelle, le Bûcheron en Fer Blanc et le Lion Poltron, qui ont, eux aussi une demande de la plus haute importance à présenter au Magicien.

La 7 de la page 7: “L’étoffe était couverte de petites étoiles qui scintillaient au soleil comme des diamants.”

Baum le dit lui même “Le Magicien d’Oz a été écrit (...) avec pour unique ambition de donner de la joie aux enfants d’aujourd’hui. Il ne vise à être qu’un conte de fées modernisé: il élimine les peines de cœur et les cauchemars pour ne conserver que l’enchantement et le plaisir.”
Et pourtant, son livre va susciter deux grosses polémiques. La première étant que ce roman est en fait une apologie de la sorcellerie. Les puritains américains voient dans “Le Magicien d’Oz” un roman subversif qui veut “corrompre la jeunesse”. Ici, rien de bien nouveau, dès qu’il y a un peu de magie, les puritains américains ressortent leurs vieilles pancartes “Pas contents! Pas contents!” Rien d’original dans cette polémique.
La deuxième polémique, qui a la dent plus dure, est que Baum, par son “Magicien d’Oz” présente une critique virulente de la politique américaine de son époque. Le magicien d’Oz est un  “dirigeant” et c’est un charlatan. La fin du  XIXème siècle, les États-Unis sont dans une période de crise économique et les personnages de Baum sont en fait des analogies aux politiques de l’époque. Le fait que Baum précise bien que “Le Magicien d’Oz” ne soit qu’un conte pour enfants et rien d’autre a tendance à alimenter les arguments qui prônent un double sens au livre. En lisant le livre, vous vous ferez votre propre opinion, la mienne étant que c’est probable mais que je me contenterai de commenter le texte en tant que conte pour enfant.
Donc, “Le Magicien d’Oz” est un conte pour enfants plutôt réussi. Ne me demandez pas si le film est fidèle au livre, je n’ai pas vu le film (je sais...)
En tout cas, c’est une belle histoire. Dorothy vit au Kansas. Après une tempête, elle se retrouve, seule dans un pays merveilleux. Elle y trouve un épouvantail sans cervelle, un bûcheron en fer sans coeur et un lion sans courage. Ensemble, ils vont tenter de trouver le magicien d’Oz qui pourrait bien être la solution à leurs problèmes. L’épouvantail voudrait de la cervelle, le bûcheron de fer, un coeur et le lion, plus de courage. Malheureusement pour eux, le magicien d’Oz est un charlatan. Il ne peut donc pas vraiment les aider.  Ce que les personnages ne réalisent pas, c’est que pendant leurs aventures, ils ont tous montré qu’ils possédaient ce qu’ils pensaient ne pas avoir. Le faux magicien prétend alors donner à chacun ce qu’il désire. Ce n’est pas difficile, puisque chacun l’a déjà en lui, sans le savoir. Reste le problème de Dorothy. Comment rentrer au Kansas. Pas d’angoisse, elle trouve un moyen. Tout est bien qui finit bien.
“Le Magicien d’Oz” a donc tout les codes du conte pour enfants: magie, émerveillement, amitié etc. Baum permet aussi à ses lecteurs plus âgés de s’évader une heure ou deux. Et c’est rudement agréable de marcher avec ces personnages très sympathiques. “Le Magicien d’Oz” parle aux petits comme aux grands et c’est un plaisir de se plonger dedans. La mission est remplie et le message est passé: il faut toujours croire en soi. Et si jamais on y arrive pas tout de suite, on a des amis sur qui on peut compter.
Le contrat est rempli.

Extrait: “En fin de journée, alors que Dorothy commençait à ressentir la fatigue de cette longue marche et à se demander où elle allait passer la nuit, elle arriva près d’une maison un peu plus vaste que les autres. Des hommes et des femmes dansaient sur la pelouse verdoyante qui s’étendait devant. Cinq petits violonistes jouaient le plus fort possible, pendant que les gens riaient et chantaient non loin d’une grande table surchargée de fruits délicieux, de noix, de tartes, de gâteaux et de beaucoup d’autres bonnes choses

vendredi 11 décembre 2015

"La Prime" de Janet Evanovic


“La Prime” de Janet Evanovich
Ed. Pocket 2013. Pages 319.
Titre original: “One for the money”

Résumé: Adieu froufrous, adieu dentelles.
La lingerie, c'est fini. Stéphanie Plum, trente ans, n'a plus de boulot. Sa télé est au clou, son frigo est vide et elle se désespère. Heureusement, il y a son cousin Vinnie ! Il dirige une agence de cautionnement et cherche un chasseur de primes... Elle décroche le job et se retrouve sur les traces de Joe Morelli, un flic accusé de meurtre. Un malin, un dur, un séducteur... D'ailleurs, ce ne serait pas le même Joe Morelli qui l'a séduite et abandonnée lorsqu'elle avait seize ans ? Une raison de plus pour le retrouver ! " Stépahnie Plum a de l'humour, de la spontanéité, du bagou, de la rancune.Du charme, quoi !

La 7 de la page 7: “Cinq minutes plus tard, je quittai Hamilton Avenue pour m’engager dans Roosevelt Street.”

Stéphanie Plum n’a rien d’une chasseuse de prime. Non vraiment rien. Et c’est de cet élément somme toute assez basique qu’est basé tout le roman de Evanovich. Certes cela ne donne pas une littérature de haut-vol et c’est justement pour cela que j’ai bien aimé ce roman. Pas de prise de tête. Pas de prétention. Un bon petit roman bien léger qui permet de se vider la tête.
Et vraiment, en ce moment, c’est tout ce dont on a besoin. Un petit roman sans prétention à lire tranquillement sous une couette bien chaude pendant que la pluie tombe sur les vitres.

Extrait: “Je coinçai les dossiers sous mon bras, promettant à Connie d’en faire des photocopies et de lui rendre les originaux. L’anecdote de la barquette de poulet était particulièrement encourageante. Si Andy Zabotsky pouvait choper un voyou devant un stand de sandwiches, imaginez mon potentiel. Je bouffais tout le temps ce genre de merdes. Je trouvais même ça bon. Peut-être que ce boulot de chasseuse de primes allait marcher.”

mardi 8 décembre 2015

Nouvelle page Facebook

Bonjour à tous et à toutes,
Ça y est, aujourd'hui, on a ENFIN créé notre page Facebook.
N'hésitez pas à nous y suivre!
https://www.facebook.com/La7delapage7/?ref=aymt_homepage_panel
Allez, on va se reboire un café là-dessus!
A bientôt! 

"L'Opéra de quat'sous" de Bertold Brecht


“L’Opéra de quat’sous” de Bertold Brecht
Ed. L’Arche 2007. Pages 94.
Titre original: “Die Dreigrosschenoper”

Résumé: Un dimanche, en pleine ville, Un homme, un couteau dans le cœur : Cette ombre qui se défile, C'est Mackie-le-Surineur.

La 7 de la page 7: “D’ailleurs, tu n’as pas à poser de questions, mais seulement à enfiler tes frusques.”

Comencons d’abord par raconter l’histoire de cet “Opéra de quat’sous”. Beaucoup en ont déjà entendu parler sans pour autant savoir ce que raconte cette pièce.
Donc, dans l’Angleterre Victorienne, deux bandes rivales s’affrontent. D’un côté, Peachum, le roi des mendiants. De l’autre, Mackie-le-Surineur, un criminel. Tout commence lorsque Mac épouse Polly, la fille de Peachum. Ce qui ne plaît absolument pas à ce dernier. Mais il se dit qu’il serait intéressant de faire d’une pierre deux coups en se débarrassant d’un gendre dont il ne veut pas mais surtout en se débarrassant d’un de ses principaux concurrents. Il veut donc faire arrêter Mackie-le-Surineur. On découvre que Mac est un homme sans scrupule, déjà marié à une autre et qui ne se soucie que de lui. Il se fiche du reste. Après plusieurs rebondissement, Mac est condamné à la potence. A la dernière minute, il est gracié.
En quoi cette pièce peut-elle être considérée comme majeure, non seulement dans l’œuvre de Brecht mais aussi dans le théâtre dans son ensemble? En effet, le premier point important, c’est que Brecht ne conçoit pas tout seul cette pièce puisqu’elle est largement inspirée par “L’Opéra des gueux” de John Gray  (1728).
C’est quand l’œuvre de Gray reçoit un succès retentissant à Londres que la pièce est traduite en allemand par Elisabeth Hauptmann. Après un refus, Brecht accepte quand même de se mettre au travail et s’associe à Kurt Weill pour présenter une version brechtienne de l’opéra de départ.
Et c’est justement là que réside l’intérêt de “L’Opéra de quat’sous” , c’est une pièce fondamentalement brechtienne qui se démarque des opérettes précédentes. Souvent assez légères, ici, le propos est politique. Marxiste des pieds jusqu’au bout de sa plume, Brecht saisi l’occasion de servir son propos dans “L’Opéra de quat’sous”. Attaque en règle contre le milieu des affaires dont les bénéfices sont la seule importance, se fichant de l’élément humain. Qui est le pire des deux protagonistes? Peachum qui profite du malheur des autres pour s’enrichir? Ou Mac qui s’enrichit en agissant comme un criminel? Vers qui notre cœur balance? Indubitablement vers Mac qui pourtant est bien loin d’un Robin des bois. Mais, dans notre inconscient, c’est Peachum le véritable coupable qui rend la société moins bonne que ce qu’elle aurait été sans lui. C’est l’homme d’affaires qui est le seul méchant de cette œuvre.
Or Mac n’est pas mieux que Peachum mais il semble plus “correct”:
Tu t’élèveras bien assez, si tu te mets en tête de me concurrencer. A-t-on jamais entendu dire qu’un professeur d’Oxford laisse n’importe quel assistant signer ses erreurs scientifiques? Il signe lui-même.”  
Mais il ne faut pas se méprendre, Mac est un sale type! Et Brecht ne s’en cache pas. Il demande simplement au public de faire un choix entre la peste et le choléra. Et c’est exactement ce que le public fait. Il choisit Mac sans concession.
Peachum: (...) Je ne suis qu’un pauvre homme (...) Les lois ne sont faites que pour exploiter ceux qui ne les comprennent pas, ou ceux que la misère la plus noire empêche de s’y conformer (...)”
Et c’est justement pourquoi on a tendance à se ranger du côté de Mac. On nous donne l’impression que, lui, n’a pas eu le luxe de choisir son camp. Au contraire de Peachum. Et c’est ici que la pièce de Brecht tourne au chef-d’œuvre. Il y inclut un procédé (qui sera d’ailleurs décrit comme “la distanciation brechtienne”) qui ne permet pas au public de se laisser emporter par la pièce. Brecht met le sens critique de son public à l’épreuve. Contradictions dans les personnages qui se contredisent dans la même phrase; confusion entre  le discours et la situation; éclatement du quatrième mur; et autres techniques de mise en scène.
Brecht signe ici une pièce efficace et engagée tout en restant agréable à lire, à voir et à écouter.

Extrait:”(...) Vous seriez tous en train de crever dans les cloaques de Turnbridge si je n’avais pas consacré mes nuits blanches à chercher le moyen de tirer un penny de votre misère. Je suis arrivé à la conclusion que si les puissants de la terre sont capables de provoquer la misère, ils sont incapables d’en supporter la vue. Car ce sont des faibles et des imbéciles, exactement comme vous. S’ils ont à bouffer jusqu’à la fin de leurs jours, s’ils peuvent enduire leur plancher de beurre, pour engraisser jusqu’aux miettes qui tombent de leur table, ils ne peuvent pas voir de sang-froid un homme tomber d’inanition dans la rue: évidemment il faut qu’il vienne tomber juste devant leur porte.”

lundi 7 décembre 2015

"Gatsby le Magnifique" de F. Scott Fitzgerald


“Gatsby le Magnifique” de F. Scott Fitzgerald.
Ed. Le Livre de Poche 2003. Pages 204.
Titre Original: “The Great Gatsby”

Résumé: Dans le Long Island des années vingt, la fête est bruyante et la boisson abondante. Surtout chez Jay Gatsby. Aventurier au passé obscur, artiste remarquable par sa capacité à se créer un personnage de toute pièce, Gatsby, figure solaire par son rayonnement, lunaire par le mystère qu'il génère, est réputé pour les soirées qu'il donne dans sa somptueuse propriété. L'opulence, de même que la superficialité des conversations et des relations humaines, semblent ne pas y avoir de limites. C'est pourquoi l'illusion ne peut être qu'éphémère. Parmi les invités de cet hôte étrange se trouve Nick Carraway, observateur lucide qui seul parvient à déceler une certaine grandeur chez Gatsby, incarnation de multiples promesses avortées. Ce roman visuel qui se décline dans des tons d'or, de cuivre et d'azur, s'impose également comme la chronique d'une certaine époque vouée, telle la fête qui porte en elle son lendemain, à n'être magnifique que le temps d'un air de jazz.

La 7 de la page 7: “Puis elle m’informa dans un souffle que la jeune équilibriste se nommait Baker.”

Dès mon âge le plus tendre et le plus facile à influencer, mon père m’a donné un certain conseil que je n’ai jamais oublié.
-       Chaque fois que tu te prépares à critiquer quelqu’un, m’a-t-il dit, souviens-toi qu’en venant sur terre tout le monde n’a pas eu droit aux mêmes avantages que toi.”
Ainsi commence le chef-d’oeuvre de Fitzgerald.
Dès le départ, Fitzgerald brouille les pistes. Gatsby est mystérieux, entouré d’une aura énigmatique. Il le décrit comme un personnage complexe et bien au-dessus de notre compréhension. Mais l’auteur nous trompe, tout comme Gatsby trompe son entourage.
“Gatsby le Magnifique” est une sombre et triste histoire d’amour. Enrobée dans une atmosphère des années 20, de jazz, de fêtes... La poudre nous a été jétée aux yeux et l’évidence nous a d’abord échappée. Vouloir savoir qui est ce mystérieux Gatsby nous a aveuglé, comme tout le monde. On ne s’est pas demandé qui il est réellement. Un amoureux déçu.
“Daisy glissa aussitôt son bras sous le sien, mais il semblait comme oppressé par ce qu’il venait de dire. Peut-être avait-il pris conscience que cette lumière verte, si longtemps vitale pour lui, venait de s’éteindre à jamais. La distance qui le séparait de Daisy était si proche, presque à la toucher, aussi proche qu’une étoile peut l’être de la lune, et ce n’était plus désormais qu’une lumière sur la jetée. Son trésor venait de perdre l’une de ses pierres les plus précieuses.”
Gatsby est riche. Il est envié et pourtant, il est malheureux. Malheureux de ne pouvoir aimer la femme que son coeur a choisi. Il vit dans ses rêves d’amour. Tout ce qu’il fait est mué par le désir qu’il ressent pour l’amour de Daisy. Tant qu’il s’enferme dans ses rêves en oubliant la réalité des choses. L’argent
“Et par moments peut-être zu cours de cette après-midi Daisy s’était-elle montrée inférieure à ses rêves –mais elle n’était pas fautive. Cela tenait à la colossale vigueur de sib aptitude à rêver. Il l’avait projetée au-delà de Daisy, au-delà de tout. Il s’y était voué lui-même avec une passion d’inventeur, modifiant, amplifiant, décorant ses chimères de la moindre parure scintilante qui passait à sa portée. Ni le feu ni la glace ne sauraient atteindre en intensité ce qu’enferme un homme dans les illusions de son coeur.”
Gatsby a tout pour être heureux mais il ne le sera pourtant jamais car il désire une chose qu’il ne pourra jamais avoir. Entouré de son vivant, il meurt seul. Nick est sa seule connaissance à faire le déplacement pour ses funérailles. Tout n’était que vent et illusion. Fitzgerald nous a écrit une tragédie grèque contemporaine. Un tour de force. Consumons la vie avant qu’elle nous consume sans paillettes ni de fumée factice.  Sans argent aveuglant. Vivre comme Gatsby n’a pu le faire.

Extrait: “Le pasteur luthérien de Flushing est arrivé un peu avant trois heures. Malgré moi, j’ai commencé à guetter les voitures. Le père de Gatsby guettait de son côté. Le temps passait. Les domestiques se sont regroupés dans le hall, un à un. J’ai vu le vieil homme plisser les paupières avec inquiétude, et il a dit quelque chose à propos de la pluie, d’une voix pensive, hésitante. Le pasteur regardait sans cesse sa montre. Je l’ai pris à part et lui ai demandé d’attendre une demi-heure. Mais en pure perte. Personne n’est venu.”