“Gatsby le Magnifique” de F. Scott
Fitzgerald.
Ed. Le Livre de Poche 2003. Pages
204.
Titre Original: “The Great Gatsby”
Résumé: Dans le Long Island des années vingt, la fête est bruyante et la boisson
abondante. Surtout chez Jay Gatsby. Aventurier au passé obscur, artiste
remarquable par sa capacité à se créer un personnage de toute pièce,
Gatsby, figure solaire par son rayonnement, lunaire par le mystère qu'il
génère, est réputé pour les soirées qu'il donne dans sa somptueuse
propriété. L'opulence, de même que la superficialité des conversations
et des relations humaines, semblent ne pas y avoir de limites. C'est
pourquoi l'illusion ne peut être qu'éphémère. Parmi les invités de cet hôte étrange se trouve Nick Carraway,
observateur lucide qui seul parvient à déceler une certaine grandeur
chez Gatsby, incarnation de multiples promesses avortées. Ce roman
visuel qui se décline dans des tons d'or, de cuivre et d'azur, s'impose
également comme la chronique d'une certaine époque vouée, telle la fête
qui porte en elle son lendemain, à n'être magnifique que le temps d'un
air de jazz.
La 7 de la page 7: “Puis elle
m’informa dans un souffle que la jeune équilibriste se nommait Baker.”
“Dès
mon âge le plus tendre et le plus facile à influencer, mon père m’a donné un
certain conseil que je n’ai jamais oublié.
-
Chaque fois que tu te prépares à
critiquer quelqu’un, m’a-t-il dit, souviens-toi qu’en venant sur terre tout le
monde n’a pas eu droit aux mêmes avantages que toi.”
Ainsi commence le chef-d’oeuvre de
Fitzgerald.
Dès le départ, Fitzgerald brouille
les pistes. Gatsby est mystérieux, entouré d’une aura énigmatique. Il le décrit
comme un personnage complexe et bien au-dessus de notre compréhension. Mais
l’auteur nous trompe, tout comme Gatsby trompe son entourage.
“Gatsby le Magnifique” est une
sombre et triste histoire d’amour. Enrobée dans une atmosphère des années 20,
de jazz, de fêtes... La poudre nous a été jétée aux yeux et l’évidence nous a
d’abord échappée. Vouloir savoir qui est ce mystérieux Gatsby nous a aveuglé,
comme tout le monde. On ne s’est pas demandé qui il est réellement. Un amoureux
déçu.
“Daisy glissa aussitôt son bras sous le sien, mais il semblait comme
oppressé par ce qu’il venait de dire. Peut-être avait-il pris conscience que
cette lumière verte, si longtemps vitale pour lui, venait de s’éteindre à
jamais. La distance qui le séparait de Daisy était si proche, presque à la
toucher, aussi proche qu’une étoile peut l’être de la lune, et ce n’était plus
désormais qu’une lumière sur la jetée. Son trésor venait de perdre l’une de ses
pierres les plus précieuses.”
Gatsby est riche. Il est envié et
pourtant, il est malheureux. Malheureux de ne pouvoir aimer la femme que son
coeur a choisi. Il vit dans ses rêves d’amour. Tout ce qu’il fait est mué par
le désir qu’il ressent pour l’amour de Daisy. Tant qu’il s’enferme dans ses
rêves en oubliant la réalité des choses. L’argent
“Et par moments peut-être zu cours de cette après-midi Daisy
s’était-elle montrée inférieure à ses rêves –mais elle n’était pas fautive.
Cela tenait à la colossale vigueur de sib aptitude à rêver. Il l’avait projetée
au-delà de Daisy, au-delà de tout. Il s’y était voué lui-même avec une passion
d’inventeur, modifiant, amplifiant, décorant ses chimères de la moindre parure
scintilante qui passait à sa portée. Ni le feu ni la glace ne sauraient
atteindre en intensité ce qu’enferme un homme dans les illusions de son coeur.”
Gatsby a tout pour être heureux mais
il ne le sera pourtant jamais car il désire une chose qu’il ne pourra jamais
avoir. Entouré de son vivant, il meurt seul. Nick est sa seule connaissance à
faire le déplacement pour ses funérailles. Tout n’était que vent et illusion.
Fitzgerald nous a écrit une tragédie grèque contemporaine. Un tour de force.
Consumons la vie avant qu’elle nous consume sans paillettes ni de fumée
factice. Sans argent aveuglant.
Vivre comme Gatsby n’a pu le faire.
Extrait: “Le pasteur luthérien de Flushing est arrivé un peu avant trois heures.
Malgré moi, j’ai commencé à guetter les voitures. Le père de Gatsby guettait de
son côté. Le temps passait. Les domestiques se sont regroupés dans le hall, un
à un. J’ai vu le vieil homme plisser les paupières avec inquiétude, et il a dit
quelque chose à propos de la pluie, d’une voix pensive, hésitante. Le pasteur
regardait sans cesse sa montre. Je l’ai pris à part et lui ai demandé
d’attendre une demi-heure. Mais en pure perte. Personne n’est venu.”
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