mercredi 3 août 2016

"Tout n'est pas perdu" de Wendy Walker

"Tout n'est pas perdu" de Wendy Walker.
Ed. Sonatine 2016. Pages 341.
Titre Original: "All is not forgotten"

Résumé: Alan Forrester est thérapeute dans la petite ville cossue de Fairview, Connecticut. Il reçoit en consultation une jeune fille, Jenny Kramer, quinze ans, qui présente des troubles inquiétants. Celle-ci a reçu un traitement post-traumatique afin d’effacer le souvenir d’une abominable agression dont elle a été victime quelques mois plus tôt. Mais si son esprit l’a oubliée, sa mémoire émotionnelle est bel et bien marquée. Bientôt tous les acteurs de ce drame se succèdent dans le cabinet d’Alan, tous lui confient leurs pensées les plus intimes, laissent tomber leur masque en faisant apparaître les fissures et les secrets de cette petite ville aux apparences si tranquilles. Parmi eux, Charlotte, la mère de Jenny, et Tom, son père, obsédé par la volonté de retrouver le mystérieux agresseur.

Ce thriller, d’une puissance rare, plonge sans ménagement dans les méandres de la psyché humaine et laisse son lecteur pantelant. Entre une jeune fille qui n'a plus pour seul recours que ses émotions et une famille qui se déchire, tiraillée entre obsession de la justice et besoin de se reconstruire, cette intrigue à tiroirs qui fascine par sa profondeur explore le poids de la mémoire et les mécanismes de la manipulation psychologique.
La 7 de la page 7: "Ça ne fait pas de nous des personnes mauvaises." 

La première partie du roman a une valeur d'exposition théâtrale. L'auteur met en place son action, les tenants et aboutissants de son intrigue. Bien sûr, elle ne nous révèle pas tout. Et ce début est assez ennuyeux. Il est sans doute nécessaire que cette "introduction" soit un peu (beaucoup) longue afin que le lecteur puisse avoir toutes les cartes en main pour continuer à démêler l'intrigue. Cette première partie ddu roman a également un certain côté clinique qui n'est pas inintéressant, mais qui, là aussi, semble un peu longuet. Le psychiatre met en évidence certains aspects de son métier qui sont nécessaires à la bonne compréhension du propos. Le psychiatre, Alan, nous donne les clefs de l'intrigue. Mais attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit... Ce n'est pas parce que le récit est parfois trop long et parfois même ennuyeux que le roman manque de rythme. L'impression de lenteur et d'ennui vient surtout du fait que le lecteur ne sait pas trop où le récit l'emmène. Le lecteur reste bloqué dans une situation où il ne sait trop que penser. Ce qui est, par contre, très intéressant, c'est que le psychiatre parle directement au lecteur, ce qui permet de l'impliquer dans le récit. On voudrait juste que l'auteure cesse de tourner en rond et en vienne directement à une narration plus active. On est même pas certain de savoir qui est le réel personnage principal de ce début de roman. On suppose que c'est Alan, le psychiatre, sans pour autant en être totalement convaincu. Et quel est le véritable sujet? Le viol de Jenny? Le traitement qui lui a fait oublier le viol? La manière dont Alan va tenter de faire retrouver la mémoire à Jenny? Résoudre le viol de la jeune fille? Un mélange de tout cela? Plusieurs histoires s'entrecoupent et même si on se doute qu'à un moment, tout cela prendra un sens, force est de constater qu'il faut beaucoup (trop?) de patience pour continuer le roman. Et quand, enfin, l'histoire s'accélère, l'auteure utilise la technique d'accroche de dernière phrase de chapitre. Cela fonctionne, on continue mais le chapitre suivant reste décevant. Pourquoi continuer? Eh bien parce qu'au milieu d'un paragraphe qui ne paie pas de mine, il y a une simple phrase, une phrase qui change tout. On entre dans le vif du sujet sans jamais plus le quitter. On comprend où on voulait nous amener. Malheureusement, l'attente a été trop longue. Et même si l'histoire devient intéressante, on a passé trop de temps à attendre. Deux mentions spéciale toute de même. La première vient du fait que l'auteure, une femme, parvient à nous livrer un personnage masculin crédible. Ce qui n'est pas toujours le cas quand c'est un auteur masculin qui s'essaie au personnages féminins. La deuxième vient du dénouement colossal qui gifle son lecteur. La fin est une grande réussite mais ne parvient tout de même pas à sauver ce roman qui aurait pu être grandiose du début à la fin. Dommage.

Extrait: "Les criminels déclarés non coupables pour cause de folie ne sont pas envoyés en prison. Ils vivent leur propre enfer dans les hôpitaux psychiatriques de l'Etat. Parfois ils sont libérés après un traitement minime et insuffisant. L'ironie est qu'il n'existe pas de corrélation parfaite entre le degré de folie d'un criminel et sa capacité à plaider la folie pour sa défense. Un homme ordinairement "sain d'esprit" qui tue l'amant de sa femme sur un coup de sang peut être jugé temporairement fou et l'utiliser légalement pour sa défense, alors qu'un tueur en série (qui sont tous, insisterais-je, cliniquement des sociopathes.) finira dans le couloir de la mort. Oui, je sais, c'est plus compliqué que cela. Si vous êtes avocat de la défense, mon discours simplifié à l'excès vous fait probablement sauter au plafond. Mais songez à ceci: Charles Manson n'était-il pas fou de demander à ses disciples d'assassiner sept personnes? Susan Smith n'était-elle pas folle de noyer ses enfants? Même Bernie Madoff, n'était-il pas fou de continuer sa pyramide de Ponzi alors qu'il avait déjà gagné plus d'argent qu'il ne pourrait jamais dépenser? La folie n'est qu'un mot."

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