“Le Portrait de
Dorian Gray” de Oscar Wilde.
Ed. Folio (classique)
1992. Pages 403.
Titre Original: “The
Picture of Dorian Gray”
Résumé: - Ainsi tu crois qu'il y a seulement Dieu qui voit les âmes, Basil ?
Ecarte le rideau et tu verras la mienne. Il avait, prononcé ces mots d'une voix
dure et cruelle. - Tu es fou, Dorian, ou tu joues, murmura Hallward en fronçant
les sourcils. - Tu ne veux pas ? Alors, je vais le faire moi-même, dit le jeune
homme qui arracha le rideau de sa tringle et le jeta par terre. Une exclamation
d'horreur s'échappa des lèvres du peintre lorsqu'il vit dans la faible lumière
le visage hideux qui lui souriait sur la toile. Il y avait quelque chose dans
son expression qui le remplit de dégoût et de répugnance. Grands dieux ! C'était
le visage de Dorian Gray qu'il regardait ! L'horreur, quelle qu'elle fût,
n'avait pas encore entièrement ravagé sa stupéfiante beauté. Il restait encore
des reflets d'or dans la chevelure qui s'éclaircissait et un peu de rouge sur
la bouche sensuelle. Les yeux bouffis avaient gardé quelque chose de la beauté
de leur bleu. Le contour des narines et le modelé du cou n'avaient pas encore
perdu complètement la noblesse de leurs courbes. C'était bien Dorian. Mais qui
avait peint ce tableau ? Il lui semblait reconnaître son coup de pinceau. Quant
au cadre, il était de lui. C'était une idée monstrueuse et pourtant il eut
peur. Il prit la chandelle allumée et la tint devant le portrait, Son nom
figurait dans le coin gauche, tracé en longues lettres d'un vermillon brillant.
La 7 de la page 7: “J’en veux à la raison
véritable.”
“Le Portrait de Doran
Gray” est souvent considéré comme le premier roman parlant ouvertement
d’homosexualité. Et franchement, c’est bien trop réducteur. Si Wilde utilise un
subterfuge surnaturel, il met surtout en avant des critiques virulentes de la
société victorienne. Moralisatrice et narcissique, il critique ce qui
l’entoure. Mais reprenons depuis le début. Dorian gray est un jeune homme à la
beauté époustouflante. Basil est un de ses amis. C’est un peintre. Il lui peint
son portrait. A la vue de ce portrait, Dorian fait un voeux: que ce soit le
portrait qui vieillisse à sa place et qu’il garde, à jamais, sa beauté
surnaturelle. Ce voeux se réalise. Et au fil des années qui passent, le visage
de Dorian ne change pas. Malheureusement pour Dorian, il devient de plus en
plus cruel et se laisse emporter par la décadence de Henry Wotton. Cette
décadence est centrale dans le roman de Wilde puisqu’il fait partie intégrante
du courant décadent.
Avant toute chose,
“Le Portrait de Dorian Gray” est un roman décadent qui dénonce, lui-même, son
propre courant.
Ensuite, la structure
narrative de Wilde est imparable et sans faille. Tout est à sa place.
Roman qui établit que
rien n’est bon ni mauvais, juste beau ou laid, “Le Portrait de Dorian Gray” est
le seul roman de Wilde. Il y met ses visions de la vie, de la société, de la
beauté et de l’art.
Lors du fameux procès
de Wilde, “Le Portrait de Dorian Gray” est utilisé contre son auteur pour
affirmer les propos de la Couronne et appuyer l’accusation de sodomie. L’œuvre
condamne son auteur et ce dernier sera emprisonné pendant deux ans. Et c’est
sans doute pour cela que “Le Portrait de Dorian Gray” reste un classique. L’art
assassine la vie qui pourtant n’aurait pas eu de raison de vivre sans art.
De plus, et enfin,
Wilde parvient à décrire une société de consommation cynique et une élite
intellectuelle médiocre. Ce qui rend, malheureusement, ce roman encore beaucoup
trop d’actualité. Un pur chef-d’œuvre.
Extrait: “- La décadence me fascine
plus.
- Que pensez-vous de l'art ? demanda-t-elle.
- C'est une maladie.
- L'amour ?
- Une illusion.
- La religion ?
- Un substitut élégant pour la foi.
- Vous êtes un sceptique.
- Nullement ! Le scepticisme est un début de croyance.
- Qu'êtes-vous donc ?
- Définir, c'est limiter.
- Donner- moi un fil conducteur.
- Les fils cassent. Vous vous perdriez dans le labyrinthe.
- Vous me désorientez. “
- Que pensez-vous de l'art ? demanda-t-elle.
- C'est une maladie.
- L'amour ?
- Une illusion.
- La religion ?
- Un substitut élégant pour la foi.
- Vous êtes un sceptique.
- Nullement ! Le scepticisme est un début de croyance.
- Qu'êtes-vous donc ?
- Définir, c'est limiter.
- Donner- moi un fil conducteur.
- Les fils cassent. Vous vous perdriez dans le labyrinthe.
- Vous me désorientez. “
C'est un classique que je voudrais lire, car je crois qu'il était très en avance sur son temps...
RépondreSupprimerJ'ai fait mon mémoire de fin d'études sur ce roman tant je le trouve passionnant. Disons que en ce qui concerne l'avance sur son temps, Wilde met bien en évidence, déjà en 1890, une société basée sur l'apparence. Dorian c'est un peu un Kardashian de son époque. Mais en mieux ;-)
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