“Au château d’Argol”
de Julien Gracq.
Ed. José Corti 1989.
Pages 182.
Résumé: Au
château d'Argol est le premier roman de Julien Gracq, le premier roman
surréaliste tel qu'André Breton le rêvait. Les sens irrigués par les lieux et
les espaces sont l'image la plus exacte des relations entre les êtres, Albert
le maître d'Argol, Herminien son ami, son complice, son ange noir, et Heide, la
femme, le corps. Tout autour, sombre, impénétrable, la forêt. Tout près,
l'océan.
La 7 de la page 7: “Pendant toute cette ascension, la plus haute tour
du château, surplombant les précipices où le voyageur cheminait péniblement,
offusquait l’oeil de sa masse informe, faite de schistes bruns et gris
grossièrement cimentés et percée de rares ouvertures, et finissait par
engendrer un sentiment de gêne Presque insupportable.”
J’adore les châteaux. Je les trouve fascinants. Ils sont, sans doute,
un des lieu romanesque des plus envoûtants et mystérieux. Tout peut se passer
dans un château. Sauf dans celui d’Argol où il ne se passe strictement rien.
Vraiment rien.
Roman surréaliste où la description est plus importante que l’action;
cette première est totalement maîtrisée. La narration descriptive est
implacable. Mais cela ne permet pas au lecteur de s’investir dans l’histoire.
Mais en même temps, il n’y a pas vraiment d’histoire. Le sujet est le château.
Sa beauté, ses pièces, son charme, son mystère. Et en cela, “Au château
d’Argol” est une réussite. On est au côté du narrateur tant les descriptions
sont efficaces et précises. Mais on s’ennuie. On fait la visite du propriétaire
en croisant les mots qui se collent les uns aux autres avec intelligence mais
on reste sur sa faim. “Au château d’Argol” ne sera, sans aucun doute, jamais
mon château préféré même si la prose en elle-même restera un très bon souvenir.
Extrait: “Enfin, la nuit se fit sur la forêt et le ciel
révéla toutes ses étoiles, mais rien ne pouvait arrêter leur marche divine et mieux
gardée au sein du temple des bois que par la sphère tutélaires des allées des
tombeaux d’Egypte. La confiance réduite en eux à l’état de pure vertu, et
pareille à l’émanation laiteuse de la nuit baignée de lune, les visitait avec
ses grâces primitives. Comme autrefois, en un jour d’angoisse. Sur les plaines
des eaux, maintenant pour eux il n’est plus de recul possible. Mais la nuit se
prolonge et l’allée étire sa fatale longueur. Et ils savent maintenant, de
toute certitude, que leur route ne finira qu’à la surprenante splendeur du
matin.”
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