“Sweeney Todd, le diabolique barbier
de Fleet Street” de J.M. Rymer
Ed. Tinder Press 2015. Pages 346.
Titre Original: “The String of
Pearls: A Romance”
Résumé: C'était un homme
grand, au physique ingrat, comme un pantin dont les parties auraient été mal
assemblées, doté d'une bouche, de mains et de pieds si immenses qu'il était
lui-même, d'une certaine manière, une véritable curiosité de la nature. »
Lorsque l’on apprend la disparition d’un jeune marin dans la capitale anglaise,
tous ses amis se mettent à sa recherche. Les pistes semblent toutes mener près
du salon d’un barbier, aux abords de Fleet Street. Sweeney Todd a encore
frappé…
La 7 de la page 7: “J’ai une peur
bleue des chiens, dit Sweeney Todd.”
Si comme moi, vous avez vu
l’excellent film du même nom de Tim Burton avec le très bon Johnny Depp, la
terrible Helena Bonham Carter et le très regretté Alan Rickman, oubliez tout ce
que vous avez vu dans ce film car ce n’est que partiellement inspiré (En gros,
les personnages ont les mêmes noms...)
Mais ce n’est pas du tout une
mauvaise chose car on se laisse surprendre par cette “nouvelle” histoire. Tout
y est maîtrisé de la première à la dernière page.
Commençons par la plume. Elle est
juste, efficace et acérée comme le rasoir de Sweeney Todd. Les mots se collent
les uns aux autres avec un plaisir évident et une aisance quasi surnaturelle.
Ensuite, l’histoire et ses
personnages. “Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street” est une
réussite magistrale. L’ambiance est glauque en gardant une certaine classe. Le
Londres de Rymer donne envie et en même temps, on souhaiterait être n’importe
où sauf dans les parage de Fleet Street. Les personnages rythment l’histoire à
un pas faussement lent. On tourne les pages avec avidité tellement on souhaite
connaître le dénouement de cette histoire dérangeante. Au détour d’une porte ou
d’une rue, le danger rôde, tapis dans le coin de notre tête. On anticipe des
événements qui n’arriveront jamais et on se laisse avoir par des
rebondissements imprévisibles. Mêlant les thèmes de Dickens et l’ambiance de
Stoker, Rymer nous offre une claque magnifique dans la figure. Tout est
savamment dosé pour nous prendre violemment par surprise mais tout en gardant
une légèreté toute morbide mais tellement classieuse.
A lire, encore et toujours, sans
jamais s’arrêter!
Extrait: “Oh, comme il est déchirant de penser qu’une personne telle que Johanna
Oakley, un être si rempli de ces sentiments doux et sacrés qui devraient
apporter la plus pure des félicités, en arrive à songer que la vie a perdu tout
son charme, et que seul lui reste le désespoir. “Je vais attendre jusqu’à
minuit, dit-elle, et même à cette heure il sera inutile que je cherche le
repos. Demain, je chercherai par moi-même à obtenir de ses nouvelles.” Enfin,
minuit arriva. La journée venait officiellement de s’achever, emportant avec
elle ses derniers espoirs. Elle passa toute cette nuit-là à sangloter, ne
s’arrêtant parfois que pour glisser dans un sommeil agité, ponctué d’images
douloureuses qui semblaient toutes, cependant, impliquer la même supposition, à
savoir que Mark Ingestrie n’était plus. Mais même la nuit la plus épuisante,
pour la plus épuisée des personnes, doit s’achever; enfin, la douce et
magnifique lumière de l’aurore pénétra dans la chambre de Johanna Oakley et
chassa une partie de ses horribles visions nocturnes, bien qu’elle n’eût que
peu d’effet sur la tristesse qui s’était emparée d’elle.”
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