« Sleeping Beauties » de
Stephen et Owen King.
Ed. Albin Michel 2018. Pages 828.
Résumé : Un phénomène
inexplicable s'empare des femmes à travers la planète : une
sorte de cocon les enveloppe durant leur sommeil et si l'on tente de
les réveiller, on prend le risque de les transformer en véritable
furies vengeresses. Bientôt, presque toutes les femmes sont touchées
par la fièvre Aurora et le monde est livré à la violence des
hommes. A Dooling, petite ville des Appalaches, une seule femme
semble immunisée contre cette maladie. Cas d'étude pour la science
ou créature démoniaque, la mystérieuse Evie échappera-t-elle à
la fureur des hommes dans un monde qui les prive soudainement de
femmes ?
La 7 de la page 7 : « C'est
l'incident déclencheur. »
Dans un monde où le harcèlement des
femmes fait la une tous les jours et où l'Amérique a voté pour la
personne la moins qualifiée pour s'asseoir dans le fauteuil de
président, la famille King nous offre ici une vision du monde sans
les femmes. Elles s'endorment pour ne plus se réveiller. Non pas
qu'elles meurent, elles sont « juste » recouvertes d'un
espèce de cocon qui si il leur est enlevé, les rend furieuses
(vraiment furieuses)
Et pendant que la Terre voit le nombre de ses membres féminins diminuer et atterrir dans un autre monde, les hommes
tentent de trouver une solution. Ils paniquent. Ils ont peur. Et ils
font tout ce qu'ils ne sont pas supposés faire. King, père et fils,
mettent en avant le côté guerrier de l'homme, la volonté de
toujours vouloir tout contrôler. Alors bien sûr, on nous sert des
salauds de la pire espèce, mais aussi des maladroits, des justes et
des perdus. Ils ne sont pas tous foncièrement mauvais. Le but du
roman n'est pas de nous montrer à quel point les femmes sont
gentilles et à quel point les hommes sont méchants... Non. On a de
tout. Même du côté féminin, ils nous démontrent que tout n'est
ni tout blanc ni tout noir. Elles aussi ont leur part d'ombre.
Et c'est là qu'entre en jeu, Evie. Être surnaturel qui tente de créer un autre monde, qui pactise avec
les animaux et qui semble en savoir beaucoup plus que ce qu'elle est
supposée savoir.
Les auteurs nous entraînent dans le
chaos et nous servent un roman qui nous parle, surtout, de la
nécessité de pouvoir tous vivre ensemble.
Certains pourraient critiquer le côté
manichéen du roman : d'un côté, les hommes, désorganisés et
violents. De l'autre côté, les femmes, organisées et vivant en
paix. Certes, on pourrait le voir de cette façon mais cela serait
une réduction un peu trop facile. Car si l'histoire peut parfois
paraître dichotomique, les personnages, eux, sont particulièrement
complexes et bien réussis. Et c'est là la grande force de ce roman.
On pourrait facilement tomber dans la facilité mais les personnages
nous en empêchent. Ils sont tous menteurs, hommes comme femmes. Ils
ont tous quelque chose à cacher, quelque chose à se reprocher.
Si il y a quelque longueurs, on leur
pardonnera. On écrit pas 828 pages sans temps mort. Il faut penser à
la santé mentale du lecteur... Mais la plupart du temps, on a pas le
temps de s'ennuyer et quand père et fils embrayent et nous lancent
dans leur histoire, il devient très difficile de lâcher le livre. La
grosse force de ce roman réside dans ses personnages
particulièrement fournis et complexes. On passe un excellent moment
de lecture. La maîtrise de Stephen King semble être héréditaire.
Extrait : « Elle se souvint
de quelle manière Clint avait renoncé à exercer dans le privé,
sans même ouvrir la discussion. Tout le mal qu'ils s'étaient donné
pour monter ce cabinet, le soin avec lequel ils avaient choisi, non
seulement l'emplacement, mais aussi la ville, optant finalement pour
Dooling car c'était le centre urbain le plus peuplé de la région
où il n'y avait pas déjà un psychiatre également médecin
généraliste. »
Depuis que j'ai entendu parler de ce livre, il me tarde de le découvrir. L'histoire m'intrigue et ta chronique ne peut que me donne renvie de me le procurer encore plus rapidement. Le côté manichéen que l'on pourrait vite remarquer est apparemment amorcé par une palette de personnages, hommes et femmes, qui montre que personne n'est tout blanc ou tout noir, ce que tu soulignes dans ta chronique et qui m'intéresse particulièrement.
RépondreSupprimerJ'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. Bonne lecture à toi.
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