mardi 13 mars 2018

"Sleeping Beauties" de Stephen et Owen King

« Sleeping Beauties » de Stephen et Owen King.
Ed. Albin Michel 2018. Pages 828.

Résumé : Un phénomène inexplicable s'empare des femmes à travers la planète : une sorte de cocon les enveloppe durant leur sommeil et si l'on tente de les réveiller, on prend le risque de les transformer en véritable furies vengeresses. Bientôt, presque toutes les femmes sont touchées par la fièvre Aurora et le monde est livré à la violence des hommes. A Dooling, petite ville des Appalaches, une seule femme semble immunisée contre cette maladie. Cas d'étude pour la science ou créature démoniaque, la mystérieuse Evie échappera-t-elle à la fureur des hommes dans un monde qui les prive soudainement de femmes ?

La 7 de la page 7 : « C'est l'incident déclencheur. »

Dans un monde où le harcèlement des femmes fait la une tous les jours et où l'Amérique a voté pour la personne la moins qualifiée pour s'asseoir dans le fauteuil de président, la famille King nous offre ici une vision du monde sans les femmes. Elles s'endorment pour ne plus se réveiller. Non pas qu'elles meurent, elles sont « juste » recouvertes d'un espèce de cocon qui si il leur est enlevé, les rend furieuses (vraiment furieuses)
Et pendant que la Terre voit le nombre de ses membres féminins diminuer et atterrir dans un autre monde, les hommes tentent de trouver une solution. Ils paniquent. Ils ont peur. Et ils font tout ce qu'ils ne sont pas supposés faire. King, père et fils, mettent en avant le côté guerrier de l'homme, la volonté de toujours vouloir tout contrôler. Alors bien sûr, on nous sert des salauds de la pire espèce, mais aussi des maladroits, des justes et des perdus. Ils ne sont pas tous foncièrement mauvais. Le but du roman n'est pas de nous montrer à quel point les femmes sont gentilles et à quel point les hommes sont méchants... Non. On a de tout. Même du côté féminin, ils nous démontrent que tout n'est ni tout blanc ni tout noir. Elles aussi ont leur part d'ombre.
Et c'est là qu'entre en jeu, Evie. Être surnaturel qui tente de créer un autre monde, qui pactise avec les animaux et qui semble en savoir beaucoup plus que ce qu'elle est supposée savoir.
Les auteurs nous entraînent dans le chaos et nous servent un roman qui nous parle, surtout, de la nécessité de pouvoir tous vivre ensemble.
Certains pourraient critiquer le côté manichéen du roman : d'un côté, les hommes, désorganisés et violents. De l'autre côté, les femmes, organisées et vivant en paix. Certes, on pourrait le voir de cette façon mais cela serait une réduction un peu trop facile. Car si l'histoire peut parfois paraître dichotomique, les personnages, eux, sont particulièrement complexes et bien réussis. Et c'est là la grande force de ce roman. On pourrait facilement tomber dans la facilité mais les personnages nous en empêchent. Ils sont tous menteurs, hommes comme femmes. Ils ont tous quelque chose à cacher, quelque chose à se reprocher.
Si il y a quelque longueurs, on leur pardonnera. On écrit pas 828 pages sans temps mort. Il faut penser à la santé mentale du lecteur... Mais la plupart du temps, on a pas le temps de s'ennuyer et quand père et fils embrayent et nous lancent dans leur histoire, il devient très difficile de lâcher le livre. La grosse force de ce roman réside dans ses personnages particulièrement fournis et complexes. On passe un excellent moment de lecture. La maîtrise de Stephen King semble être héréditaire.

Extrait : « Elle se souvint de quelle manière Clint avait renoncé à exercer dans le privé, sans même ouvrir la discussion. Tout le mal qu'ils s'étaient donné pour monter ce cabinet, le soin avec lequel ils avaient choisi, non seulement l'emplacement, mais aussi la ville, optant finalement pour Dooling car c'était le centre urbain le plus peuplé de la région où il n'y avait pas déjà un psychiatre également médecin généraliste. »

2 commentaires:

  1. Depuis que j'ai entendu parler de ce livre, il me tarde de le découvrir. L'histoire m'intrigue et ta chronique ne peut que me donne renvie de me le procurer encore plus rapidement. Le côté manichéen que l'on pourrait vite remarquer est apparemment amorcé par une palette de personnages, hommes et femmes, qui montre que personne n'est tout blanc ou tout noir, ce que tu soulignes dans ta chronique et qui m'intéresse particulièrement.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. Bonne lecture à toi.

      Supprimer