dimanche 21 janvier 2018

"L'étrangleur de Pirita" de Indrek Hargla

"L'étrangleur de Pirita" de Indrek Hargla.
Ed. Babel Noir 2017. Pages 496.
Titre Original: "Pirita Kägistaja".

Résumé: Hiver 1431. À une lieue de Tallinn, le monastère des brigittines est en construction depuis des dizaines d’années. Y cohabitent curieusement moines et religieuses, menés d’une main de maîtresse par Kandis, énigma­tique abbesse. Depuis peu, l’une des sœurs ne ­s’exprime plus que ­par d’obscurs borborygmes. Un collège de savants est réuni pour en déterminer la cause — le malin?? ­Melchior l’Apothicaire découvre en chemin, sous la neige, le cadavre d’un gentil­homme, mort étranglé depuis ­l’automne.
Melchior ne tarde pas à faire appel à sa fille Agatha, qu’il a, en dépit de toutes les convenances, initiée à l’art de la médecine.
Un polar médiéval sur fond de tensions internationales entre Nordiques, Russes, chevaliers teutoniques… et de rivalités culturelles et religieuses, aux confins de la Baltique.

La 7 de la page 7: "La bouche de la femme lui avait murmuré à l'oreille, répondant à ses serments, promettant à son tour, jurant..." 

"L'étrangleur de Pirita" est le quatrième volet de la saga de Melchior l'apothicaire. Toutefois, je n'ai pas eu de difficultés à le lire sans pour autant avoir lu les trois premiers tomes de la saga. 
Par contre, il m'a été très difficile d'entrer dans cette histoire dont la lenteur est peut-être la signature la plus évidente. Cette enquête policière a pour fond un milieu ecclésiastique où, si la plume est agréable, le rythme fait effroyablement défaut. Les personnages sont intéressants mais l'histoire ne nous prend pas. On piétine, on avance et parfois on recule. Si on ne passe pas un mauvais moment, il serait mentir que de dire qu'on apprécie sa lecture à tout temps. Ce roman était beaucoup trop lent pour que je m'y investisse réellement. Dommage car il avait du potentiel. 

Extrait: "L'apothicaire du conseil connaît sa ville. Même si, aux yeux des conseillers et des bourgmestres, il passe plutôt pour un artisan et un boutiquier, qu'on ne saurait décemment comparer à un marchand, il jouit néanmoins de certains privilèges auxquels le citoyens ordinaires n'ont pas droit." 
 

"Underground Railroad" de Colson Whitehead

"Underground Railroad" de Colson Whitehead.
Ed. Albin Michel 2017. Page 398.

Résumé: Cora, 16 ans, est une jeune esclave née sur une plantation de coton en Géorgie. Grâce à César, elle réussit à s'échapper. Leur première étape est la Caroline du Sud, dans une ville qui semble être le refuge idéal mais qui cache une terrible vérité. Il leur faut fuir à nouveau, d'autant plus que Ridgeway, le chasseur d'esclaves, est à leurs trousses.

La 7 de la page 7: "De ces hommes, Ajarry eut cinq enfants, tous mi au monde sur le même plancher de la hutte, qu'elle leur montrait quand ils désobéissaient.
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Non seulement "Underground railroad" est un livre brillamment écrit mais en plus, Whitehead s'offre le luxe de délivrer un roman intelligent et utile. Dans une Amérique de plus en plus tendue en raison de problèmes raciaux, "Underground Railroad" a de quoi remettre les choses en place. C'est justement dans cette Amérique là que "Underground Railroad" prend toute son ampleur. Un livre coup de poing qui rappelle la sombre période de l'esclavage où les blancs avaient plus de considération pour leur bétail que pour leurs esclaves noirs. "Underground Railroad" c'est l'histoire de ceux qui refusent. De ceux qui s'échappent. De ceux qui disent "non". Mais à quel prix. Dans une fuite qui semble perdue d'avance, Whitehead enfonce ses personnages ainsi que ses lecteurs. Nous sommes piégés dans cette fuite en compagnie des personnages de Whitehead qui ne tombe jamais dans un pathos non nécessaire. Qui raconte une histoire, leur histoire, tout simplement. 
Un livre implacable à mettre entre toutes les mains. 

 Extrait: "La première fois que Caesar proposa à Cora de s'enfuir vers le Nord, Elle dit non. C'était sa grand-mère qui parlait à travers elle. La grand-mère de Cora n'avait jamais vu l'océan jusqu'à ce jour lumineux, dans le port de Ovidah, où l'eau l'avait éblouie après son séjour dans les cachots du fort. C'est là qu'ils avaient été parqués en attendant les navires." 

 

"Bourbon Kid" de Anonyme

"Bourbon KId" de Anonyme.
Ed. Sonatine 2017. Pages 493.
Titre Original: "The Day it rained blood"

Résumé: Les Dead Hunters ont une morale très personnelle. C’est la moindre des choses pour une confrérie de tueurs sanguinaires. Ils ont aussi quelques menus défauts, se croire invincibles, par exemple. Un démon va néanmoins vite les détromper. Malin, fort et intelligent comme seuls les démons savent parfois l’être, il va tranquillement les décimer les uns après les autres. À une exception près. Un des membres des Hunters reste en effet introuvable, et non des moindres : le Bourbon Kid.
Notre démon va alors jeter toutes ses forces dans la bataille, depuis les quatre cavaliers de l’Apocalypse jusqu’à une armée de morts vivants, pour retrouver et anéantir définitivement notre tueur bien-aimé.
Après Le pape, le Kid et l’Iroquois, l’auteur toujours aussi anonyme du Livre sans nom se déchaîne littéralement dans cette nouvelle aventure du Bourbon Kid. Et il fait souffler toutes les forces maléfiques imaginables et inimaginables pour éprouver la capacité de résistance d’un héros que les feux de l’enfer chatouillent à peine.

La 7 de la page 7: "Mais au bout de quelques temps, Cain a découvert que son esprit pouvait pénétrer dans le corps des gens, et si ces gens étaient en état de mort cérébrale, ou dans le coma, il pouvait prendre le dessus et contrôler leur esprit." 

On peut dire que je l'ai attendu longtemps ce dernier tome des aventures du Bourbon Kid. Etant tombée totalement amoureuse de cette saga, c'est avec impatience que j'ai ouvert ce livre. 
Et comme toujours c'est sur une allure rock'n'roll qu'on est accueilli dans cette nouvelle histoire. Toujours aussi déjanté, l'auteur nous emmène encore plus loin dans sa démence créatrice. Les livres d'Anonyme se lisent comme s'écoute un bon album de hard rock. 
On retrouve avec plaisir et acharnement les personnages emblématiques de l'auteur. Ils restent fidèles à ce qu'ils ont toujours été. Et c'est avec tristesse que l'on quitte l'un d'entre eux. Mais qui sait? Rien n'est impossible dans le monde d'Anonyme. 
A nouveau, une grande réussite qui ne nous déçoit jamais. Ou alors, uniquement quand on le referme, triste que cela soit déjà terminé. 

Extrait: "La plainte du moteur de la Mustang détonnait avec le cadre silencieux et serein de la communauté amish d'Oakfield. Bébé et Joey roulaient depuis un certain temps sur un chemin de terre cahoteux lorsqu'ils aperçurent enfin l'Eglise. Bébé remarqua devant la porte un vieux monsieur tout de noir et de gris vêtu, avec des cheveux hirsutes  et une longue barbe touffue. Ce devait être l'évêque Yoder, car il ressemblait exactement à l'idée qu'elle se faisait de lui."
 

"Millenium 5: La fille qui rendait coup pour coup" de David Lagercrantz

"Millenium 5: La fille qui rendait coup pour coup" de David Lagercrantz.
Actes Sud 2017. Pages 399.
Titre Original: "Mannen Som Sökte sin skugga".

Réumé: Suite aux infractions qu'elle a commises en sauvant le petit garçon autiste dans "Ce qui ne me tue pas", Lisbeth Salander est incarcérée dans une prison de haute sécurité pour négligence constituant un danger public. Lorsqu'elle reçoit la visite de son ancien tuteur, Holger Palmgren, les ombres d'une enfance qui continuent à la hanter ressurgissent. Avec l'aide de Mikael Blomkvist, elle se lance sur la piste de crimes d'honneur et d'abus d'Etat, exhumant de sombres secrets liés à la recherche génétique.

La 7 de la page 7: "Ou bien c'est moi qui me mélange les pinceaux." 

"La fille qui rendait coup pour coup" est le cinquième tome de la saga Millenium, dont le deuxième écrit pat David Lagercrantz. Autant le dire tout de suite, j'avais totalement détesté le dernier tome. Il était trop prévisible et tombait trop dans certains clichés du genre. C'est donc avec crainte que j'ai ouvert le cinquième tome. Et, autant le dire tout de suite, j'ai retrouvé un peu des premiers romans dans ce dernier. On est encore loin de l'écriture et de l'intelligence de Larson, mais "La fille qui rendait coup pour coup" est d'une meilleure qualité que son prédécesseur. 
Les personnages sont déjà plus proches de ceux de Larson. Ils retrouvent de la texture et de la profondeur. Ce dont ils manquaient furieusement dans le tome précédent. 
L'intrigue n'est pas mauvaise même si elle n'atteint jamais la qualité de l'auteur original. 
Oui, il y a quelques passages longs et même parfois ennuyeux. Oui, on est parfois dans une intrigue un peu prévisible. Oui, on est encore loin du travail de Larson. Mais si on veut rester totalement objectif, Lagercrantz surpasse le quatrième tome. On sent un travail plus fourni et on passe, malgré tout, un bon moment lecture. 

Extrait: "Mikael était installé avec son laptop dans le train pour Örebro et parcourait le numéro d'été de Millénium, qui devait partir chez l'imprimeur le lundi suivant. Dehors, il pleuvait des cordes. Selon certaines prévisions, il se préparait un des étés les plus chauds depuis longtemps pour l'instant en tout cas, c'était le déluge.


mercredi 3 janvier 2018

"Frappe-toi le coeur" de Amélie Nothomb

"Frappe-toi le coeur" de Amélie Nothomb.
Ed. Albin Michel 2017. Pages 180.

Résumé: « Frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie. » Alfred de Musset

La 7 de la page 7: "Grâce à toi, nous avons un vrai mariage d'amour, un dîner simple, une soirée avec nos véritables proches, dit-il en dansant avec elle." 

Le sujet de "Frappe-toi le coeur" est tout autant complexe que simplissime. L'histoire d'une mère et d'une fille. De la jalousie de la première envers la deuxième. L'idée est percutante, la plume suit le mouvement. Nothomb n'a pas son pareil pour écrire la jalousie et l'envie. Nothomb met en avant le point de vue de Diane en avant, cette enfant mal-aimée. Nothomb est juste, elle frappe au coeur (sans mauvais jeu de mots) 
Diane va de déception en déception, et c'est avec tristesse et compassion qu'on suit son existence qui tourne dans cette boucle où l'amour maternel l'a enfermée. Un Nothomb efficace qui laisse le lecteur sur sa faim. Pour une fois, on aurait aimé que l'auteur nous en dise plus et ne nous laisse pas seuls à nos tristes réflexions. 

Extrait: "Quelques jours plus tard, comme elle rentrait de l'école, Diane dut contourner des travaux et s'aventura sur la chaussée. Elle vit un camion rouler droit vers elle. Hypnotisée par ce bolide, elle ne s'écarta pas. Il pila trop tard: elle fut renversée. Le conducteur épouvanté appela les secours. Il raconta aux ambulanciers l'attitude étrange de la fillette, qui, heureusement n'avait rien de sérieux." 

"La chambre des époux" de Eric Reinhardt

"La Chambre des époux" de Eric Reinhardt. 
Ed. Gallimard 2017. Pages 174. 

Résumé: Nicolas, une quarantaine d’années, est compositeur de musique. Un jour, sa femme Mathilde apprend qu’elle est atteinte d’un grave cancer du sein qui nécessite une intense chimiothérapie. Alors que Nicolas s’apprête à laisser son travail en plan pour s’occuper d’elle, Mathilde l’exhorte à terminer la symphonie qu’il a commencée. Elle lui dit qu’elle a besoin d’inscrire ses forces dans un combat conjoint. Nicolas, transfiguré par cet enjeu vital, joue chaque soir à Mathilde, au piano, dans leur chambre à coucher, la chambre des époux, la symphonie qu’il écrit pour l’aider à guérir. S’inspirant de ce qu’il a lui-même vécu avec son épouse pendant qu’il écrivait son roman Cendrillon voilà dix ans, Éric Reinhardt livre ici une saisissante méditation sur la puissance de la beauté, de l’art et de l'amour, qui peuvent littéralement sauver des vies.

La 7 de la page 7: "Les articles et les invitations à parler de mon roman dans les médias se multipliaient, celui-ci gagnait des places dans la liste des meilleures ventes, Jean-Marc Roberts intriguait tout azimut et me racontait chaque matin par le menu après m'avoir communiqué euphorique les chiffres de vente de la veille, ses stratégies sophistiquées." 

J'ai eu beau tourner et retourner dans tous les sens "La Chambre des époux", je ne suis jamais parvenue à y trouver le moindre intérêt. Les phrases interminables de Reinhardt m'ont directement enrhumée dans ma lecture. Là où certains verront une sophistication littéraire, je n'ai trouvé que superficialité banale de phrases consécutives qui ne m'ont jamais atteinte. 
On est dans une "semi-fiction", "semi-biographie" totalement auto-centrée qui exclut magistralement le lecteur. Le ton est pompeux, prétentieux, parfois même narcissique. 
"Le mariage des époux" est un très grande déception. Je n'y ai trouvé aucun intérêt, pire ,aucun plaisir. 

Extrait: " La serveuse est venue me voir à plusieurs reprises, désemparée et attendrie par ce chagrin insatiable, voulant s'assurer que je n'avais besoin de rien (je percevais touché son désarroi, son impuissance émue) mais avec le souci constant de ne pas se montrer importune."