dimanche 2 avril 2017

"Le Trône de Fer: Les Noces Pourpres" de George R.R. Martin

"Le Trône de Fer: Les Noces Pourpres" de George R.R. Martin
Ed. J'ai Lu 2009. Pages 442. 
Titre Original: "A Song of Ice and Fire: A Storm of Swords" 

Résumé: Le temps des batailles est révolu ; le fier royaume des sept couronnes n'est plus qu'un champ de ruines. Les quelques prétendants qui s'opposent encore nouent alliances et accords par des mariages arrangés et sans amour. Seuls les plus subtils et les plus retors l'emporteront... car quand l'épée échoue, la trahison prend le relais. Et pendant ce temps, par-delà les mers, loin dans les terres brûlées, Daenerys, dernière descendante de la lignée des Targaryen, conquiert un gigantesque empire pour restaurer l'antique puissance de Valyria et de ses dragons...

La 7 de la page 7: "Faut tous que ça meure, les humain, Jon Snow."

Une gifle. Il n'y a pas mieux pour décrire ce tome du Trône de Fer. Oubliez ce que vous croyiez savoir. Rien n'est tel qu'on vous l'a conté. Une ombre plane sur Westeros et ce ne sont pas ceux que l'ont croit qui jouent le mieux le jeu du trône... On commence...
"Les Noces Pourpres" est probablement le tome que j'ai préféré jusqu'à maintenant. Impossible de le lâcher jusqu'à la gifle gigantesque que le lecteur reçoit au dénouement de ce tome. Les personnages sont en place. Chacun d'entre eux à un rôle à jouer. Mais la force de Martin, ici, est de nous faire oublier certains de ses personnages qui pourtant se révèleront être cruciaux, centraux même. 
Commençons par Daenerys. On la voit peu mais quand elle intervient, c'est dans une apothéose gigantesque. La jeune femme devient de plus en plus impressionnante et gagne en puissance. Elle devient une véritable joueuse du  jeu du trône. 
Du côté Stark, la tension monte entre la mère et le fils. Et on tremble quand même pour eux, car dans le monde de Martin, personne n'est à l'abri. Et il suffira de deux mariages dans cette histoire pour que tout bascule. Le premier, celui de Edmure Tully et d'une des filles Frey. Pour laver l'affront fait à sa famille, Walder Frey commet l'impensable (quoique...) La violence se déchaîne, laissant le lecteur pantois et en apnée. Martin nous arrache des personnages auxquels on s'était attaché. Brutalement. Un deuxième mariage s'ensuit. Nous délivrant d'un personnage devenu insoutenable. Morts et mariages pour les Noces Pourpres. Jusqu'au dénouement final. Et c'est là que réside la puissance de Martin. Un personnage que l'on appréciait déjà beaucoup se révèle être beaucoup plus important que ce qu'on avait prévu. Tout est calcul. Tout était prévu. Et on a strictement rien vu venir. Un joueur de plus. Et pour le coup, quel joueur... Dans une saga où la force et les alliances politiques sont légion, c'est l'intellect qui gagne. C'est le plan parfaitement pensé que le lecteur n'a pas vu venir. C'est ce personnage, qui à lui seul, renverse tous les pions dans une apothéose jouissive. C'est bon. On l'a trouvé notre personnage préféré de la saga de Martin. Parce qu'il a mis un terme au règne de terreur, parce qu'il joue depuis le début sans qu'on l'ai vu venir. Et parce que le plan est parfait. Parce que dans ces batailles de testostérone, dans ces trahisons, dans ces personnages dégoulinants d'honneur, on a enfin trouvé un personnage à la hauteur de l'ambition de Martin. Ça y est, je suis amoureuse de ce personnage sarcastique. De ce personnage dont personne ne se méfie jamais réellement... Mais qui en un tour de force intellectuel renverse l'échiquier. La guerre est là. Les forces ont changé de camps. Et à partir de maintenant, tout est possible. Le meilleur tome jusqu'à présent. Et une belle leçon, pas besoin d'épée pour renverser le pouvoir. Que va-t-il advenir de Westeros maintenant?... Tout peut arriver. Vivement la suite. 
Le préféré: Petyr Baelish. 
Le plus détesté: Joffrey Baratheon. 

Extrait: 
"-Le... quel jeu?
-L'unique jeu. Le jeu des trônes. 
Il lui repoussa du front une mèche folle. 
-Vous êtes assez vieille pour apprendre que votre mère et moi étions plus qu'amis. Il fut un temps où Cat incarnait tout ce que je désirais dans ce monde (...) Plus jamais ils ne vous importuneront. Vous êtes en sécurité, maintenant, voilà tout ce qui compte. Vous êtes en sécurité avec moi, et vous êtes en route pour rentrer chez vous."  
 

"Nous allons mourir ce soir" de Gillian Flynn

"Nous allons mourir ce soir" de Gillian Flynn. 
Ed. Sonatine 2016. Pages 96. 
Titre Original: "What do you do?" 

Résumé: Après une enfance difficile, la narratrice anonyme devient travailleuse du sexe. Des années d’expériences ont développé chez elle un véritable don pour décrypter la psychologie de ses interlocuteurs, leurs intentions et leurs envies. Aussi lui arrive-t-il de donner des conseils à des âmes en peine. Lorsqu’elle rencontre Susan Burke, une femme aisée aux prises avec une situation dramatique, elle lui propose de l’aider. Susan et sa famille ont emménagé à Carterhook Manor, une vieille demeure inquiétante, marquée par une violente histoire vieille de cent ans. Sur place, la narratrice rencontre Miles, le beau-fils de sa cliente, un adolescent au comportement étrange et glaçant. Saura-t-elle découvrir toute la vérité sur Carterhook Manor et la famille qui l’habite désormais ?

La 7 de la page 7: "Par conséquent toute l'affaire prend plus de temps qu'il ne serait souhaitable pour tout le monde." 

Cette histoire de Flynn est certes courte, mais elle est terriblement efficace. Personne n'est celui qu'il prétend. Flynn parvient à mettre en place une atmosphère où le lecteur est envahi d'une paranoïa constante et croissante. On ne sait plus où donner de la tête. Dès qu'on semble avoir trouvé une solution, on est pris à revers par une nouvelle révélation, un nouveau doute. La plume acérée de Flynn nous tient en apnée 96 pages durant. Qui pouvons-nous croire? Où avons-nous mis les pieds? Non seulement la plume est efficace mais l'histoire qu'elle sert nous offre des personnages complexes et qui valent vraiment le détour. La fin de cette courte histoire est explosive et nous réserve de belles surprises. Court mais tellement bon. 

Extrait: "Je l'ai retrouvée dans sa maison le lendemain. En remontant sa rue dans mon fidèle pot de yaourt j'ai pensé: de la rouille. Pas du sang. Une substance qui émanait du toit. Qui sait quels matériaux on employait dans la construction de vieilles maisons? Qui sait ce qu'il pouvait filtrer après une centaine d'années? Restait à savoir comment aborder la chose. Ça ne me tentait vraiment pas, de me lancer dans l'exorcisme et la démonologie, un truc de bigots à la con." 

"Le Trône de Fer: L'épée de Feu" de George R.R. Martin

"Le Trône de Fer: L'épée de Feu" de George R.R. Martin 
Ed. J'ai Lu 2003. Pages 374. 
Titre Original: "A Song of Ice and Fire: A Storm of Swords" 

Résumé: Les sept couronnes sont exsangues. Le royaume panse ses plaies. Les guerres ont vidé les campagnes, les épidémies ont ruiné les récoltes et les pillards écument les terres dévastées. Pourtant il y a toujours autant de prétendants qui briguent la couronne : chacun dans son repaire échafaude des stratégies. Les Lannister multiplient les alliances fragiles, Stannis Baratheon se réfugie toujours davantage dans le culte de R'hllor, le maître de la lumière, et Robb Stark soupire après son fief en lambeaux. Mais d'autres ennemis se massent aux frontières, loin dans le nord. Et, pendant que les puissants avancent leurs pions, les faibles tentent de survivre..

La 7 de la page 7: "Je ne voudrais pas vous blesser, Régicide." 

Retour à Westeros où les choses bougent pas mal et de toute part. Si on est encore dans un style d'exposition de l'intrigue, on sent la tension monter et on en sait plus sur certains personnages. Le lecteur se retrouve poussé dans ses retranchements en ce qui concerne plusieurs personnages. Celui avec lequel c'est le plus flagrant est sans doute Jaime Lannister. On l'a détesté depuis le début et maintenant, après deux tomes, on se retrouve à vraiment l'apprécier. C'est déroutant. Et en même temps, c'est très représentatif de la complexité que Martin met dans ses romans. Le lecteur ne peut se contenter de rester spectateur passif dans les romans de Martin. Il ne peut faire autrement que s'impliquer dans cette épopée magistrale. 
Mais il n'y a pas qu'à Westeros que les choses bougent. Loin de là. Déjà, Jon prend de l'ampleur au Mur. On peut apprécier son côté loyal. Ou alors vous pouvez être comme moi, et ne pas vraiment vous soucier de ce qui arrive au Mur... Ce sera certainement pour plus tard, je suppose. 
Par contre, Stannis se pose là comme une véritable enflure. On ne l'aime pas des masses malgré un chapitrage Davos qui, lui, nous est assez sympathique. 
En ce qui concerne Robb, on  a tendance à oublier qu'il est encore fort jeune. Mais on ne peut s'empêcher d'avoir envie de lui coller des claques tellement ses actions sont puériles. 
En refermant ce tome, on sent que le suivant sera probablement palpitant. Martin a tout mis en place pour une fin explosive de "A Storm of Swords". On en veut pour preuve le final de Daenerys, à couper le souffle du lecteur. 
La guerre gronde et les pions avancent sur l'échiquier de Martin. Tout est en place pour une suite que l'on espère vertigineuse. 
Le plus aimé: Daenerys Targaryen. 
Le plus détesté: Tywin Lannister. 

Extrait: "La faux de la destruction s'étant abattue de part et d'autre de la route royale sur deux journée de chevauchée, devant eux s'étendaient à perte de vue des champs et des vergers calcinés d'où saillaient des moignons d'arbres pathétiques. Et comme le feu n'avait pas davantage épargné les ponts, que les pluies d'automne grossissaient les cours d'eau, force était de patrouiller le long des rives en quête de gués. On ne voyait âme qui vive, mais les loups peuplaient chaque nuit de leurs hurlements."

"De si parfaites épouses" de Lori Roy

"De si parfaites épouses" de Lori Roy. 
Ed. Points 2016. Pages 363. 
Titre Original: "Until she comes home" 

Résumé: Detroit, en 1958, à la fin du mois de juin.
Dans le quartier ouvrier blanc d’Adler Avenue, l’atmosphère est pesante, l’air chargé de menaces.
Les grandes usines où tous les hommes sont employés commencent à fermer et, plus inquiétant encore, des gens de couleur s’installent dans le quartier.
Dans leurs maisons proprettes aux rideaux parfaitement tendus et aux pelouses bien entretenues, les femmes s’observent et se méfient.
Les jours de paie, on a vu des femmes noires près de l’usine aguicher leurs maris en portant des tenues inappropriées.
Dans Adler Avenue, il y a Julia qui doit veiller sur ses jumelles, son amie Grace, enceinte de huit mois, et leur voisine Malina, toujours impeccable, qui donne le ton des discussions et orchestre d’une main de maître la vente de charité de la paroisse de St Alban’s, et puis il y a Elisabeth, la jeune fille un peu attardée, qui vit avec son vieux père.
Tous les jours, les hommes rentrent crasseux de l’usine, et tous les jours, leur épouses les attendent bien sagement à la maison.
Mais un après-midi, Elisabeth disparaît.
Alors que les hommes quadrillent le quartier dans l’espoir de la retrouver, la tension monte.
Julia et Grace sont les dernières à avoir vu Elisabeth.
Y a-t-il un lien avec le meurtre d’une jeune femme noire dans l’entrepôt à côté de l’usine ?
Pour les parfaites épouses d’Adler Avenue, le mal a pris ses racines dans leur petit paradis.

La 7 de la page 7: " Toujours sur le trottoir, elle se penche et scrute cette voie sombre qui flanque le côté de l'usine." 

Dans une Amérique "bien blanche", une jeune femme disparaît après qu'une autre ait été tuée. Il n'en fallait pas tant pour que les tensions raciales ne s'éveillent dans ce Détroit des années 50. Le chaos s'installe doucement dans le quartier. Les hommes mettent tout en oeuvre pour retrouver la disparue, quitte à oublier leur propre foyer. Mais ce roman est un polar de femmes. Elles sont au centre de l'intrigue. Chacune apportant un pion à l'échiquier 
Roy nous livre, tout d'abord, un bon suspens, bien ficelé. Mais c'est surtout sa critique de la société américaine qui nous interpelle. Le côté polar du roman est comme une sorte d'excuse, un prétexte pour décortiquer cette société racialement divisée. L'ennemi est forcément dans le camps adverse. On ne voit pas le danger dans son propre groupe. La plume et le style sont recherchés et efficaces sans pour autant être poussiéreux. Alors je me demande vraiment pourquoi ce roman ne m'a pas plus accrochée que cela. Je ne me suis pas du tout investie dans ce roman, pourtant bon. J'ai navigué entre les lignes sans pour autant être harponnée dans cette ambiance noire et dure. Ce n'était peut-être tout simplement pas pour moi ou pas le moment... Mais cela reste un bon roman. 

Extrait: "De peur de trahir sa présence par le claquement de ses escarpins en cuir rouge sur le bitume, Malina veille à marcher sur la pointe des pieds en s'approchant de l'endroit où la femme a été tuée. A l'entrée de la ruelle, elle marque une pause et tire sur ses manches trois quarts. La vendeuse chez Hudson lui a dit que cette nouvelle longueur ne seyait pas à tout le monde, mais qu'elle lui allait parfaitement, à elle qui était si menue."

"LeTrône de Fer: Intrigues à Port-Réal"

"Le Trône de Fer: Intrigues à Port-Réal" (tome 6) de George R.R. Martin
Ed. J'ai Lu 2003. Pages 346. 
Titre Original: "A Song of Ice and Fire: A Storm of Swords" 

Résumé: Le jeune et inconséquent roi Joffrey semble bien installé sur le trône de fer. L'usurpateur Baratheon est mort, l'armée de son frère Stannis a été défaite devant Port-Réal et le souverain Robb se retrouve dépossédé de ses propres terres. Joffrey n'a pourtant participé à aucune bataille. Il doit ces succès au courage de son oncle Tyrion et à la ruse de son grand-père Tywin. C'est un roi velléitaire, lâche et cruel qui s'apprête donc à régner sur les Sept Couronnes. Toutes les forces en présence n'ont cependant pas dit leur dernier mot. Là où les épées n'ont pu l'emporter, la puissance de la magie réussira-t-elle ?

La 7 de la page 7: "Les trois hommes durent barboter pour franchir le ruisseau." 

La première innovation de ce tome est le chapitrage de Jaime. Catelyn l'a libéré pour qu'il retrouve ses filles. Mais c'est sous bonne garde que Jaime voyage, accompagné de Brienne. Si on a très longtemps détesté Jaime qui, après tout, a poussé Bran, ce personnage prend de plus en plus d'ampleur et on commence a réellement s'attacher à lui. 
Pendant ce temps là, à Port-Réal, Tyrion se remet, difficilement, de ses blessures. On se sent mal pour ce personnage qu'on apprécie depuis le début. Par contre, la haine qu'engendre Cersei ne semble pas diminuer. Elle est juste parfois adoucie par le dégoût que nous inspire le père Lannister, Tywin. Alors même si on commence à entrevoir un nouveau Jaime, force est de constater que le seul Lannister qui trouve grâce à nos yeux est bien le seul Tyrion. Le reste de la famille peut bien se jeter dans le Trident qu'on ne bronchera pas une seule seconde. Il est pourtant intéressant de constater que les relations que Tyrion entretient avec son père sont peut-être une des raisons majeures pour laquelle on apprécie le nain. Bon sang, on aime vraiment pas Tywin. 
Si dans ce tome, on stagne un peu, il faut se tourner du côté du Mur pour voir les tensions monter de plus en plus. Les trahisons sont proches et les conflits de plus en plus palpables. Nul n'est à l'abri de voir sa tête au bout d'une pique. "Intrigues à Port-Réal" porte bien son nom et ce tome de "transition" permet d'entrevoir une suite bien alléchante. 
Le personnage préféré: Tyrion Lannister. 
Le personnage le plus détesté: Tywin Lannister. 

Extrait: "C'est par amour, évidemment, qu'il était entré dans la garde. Leur père avait mandé Cersei à la Cour quand elle avait douze ans, dans l'espoir de lui décrocher des noces royales. Il déboutait tous les prétendants, préférant la garder près de lui dans la tour de la Main tandis que, grandissant en âge et en féminité, elle devenait plus belle que jamais. Sans doute attendait-il que le prince Viserys sorte de l'enfance, voir que Rhaegar perde sa femme en couches, Elia de Dorne n'ayant pas une santé florissante."