mercredi 26 octobre 2016

"Le trône de fer 2: Le Donjon Rouge" de George R.R Martin

"Le trône de fer 2: Le Donjon Rouge" de George R.R. Martin
Ed. J'ai Lu 2008. Pages 543. 
Titre Original: "A Game of Thrones: Song of Ice and Fire" 

Résumé: Comment Lord Eddard Stark, seigneur de Winterfell, Main du Roi, gravement blessé par traîtrise, et par là même plus que jamais à la merci de la perfide reine Cersei ou des imprévisibles caprices du despotique roi Robert, aurait-il une chance d'échapper à la nasse tissée dans l'ombre pour l'abattre ? Comment, armé de sa seule et inébranlable loyauté, cerné de toutes parts par d'abominables intrigues, pourrait-il à la fois survivre, sauvegarder les siens et assurer la pérennité du royaume ? Comment ne serait-il pas voué à être finalement broyé dans un engrenage infernal, alors que Catelyn, son épouse, a mis le feu aux poudres en s'emparant du diabolique nain Tyrion, le frère de la reine ?

La 7 de la page 7: "Les bâtiments que vous voyez furent édifiés par des esclaves qui, ramenés de razzias lointaines, ont tous procédé selon les usages de leurs nations respectives." 

A peine le premier tome déposé, voilà déjà le deuxième tome posé sur ma table de nuit. On se replonge, avec délectation, dans les intrigues de Martin. Malgré le chapitrage par personnage, jamais on ne se laisse Ned seul. Il reste dans un coin de notre tête. On sent que la situation dégénère pour lui et que sa loyauté le perdra. On souhaite qu'il s'en sorte indemne. Mais on sait que c'est peu probable. On s'attriste de son sort même quand le chapitre ne le concerne pas. On frémit pour Arya et on commence à entrevoir des personnages que l'on trouve répugnants. Chacun bouge ses pions en fin stratège. Martin emmène son lecteur dans cette aventure où aucun n'est en sécurité. Chaque personnage peut succomber et le lecteur choisit déjà son camp. Stark? Lannister? Pour lesquels serait il prêt à lever l'épée? Martin nous offre une suite impeccable aussi bien pour l'écriture que pour l'intrigue. Prodigieux. Enivrant. Encore...
Le préféré: Eddard Stark. 
Le plus détesté: Joffrey Baratheon. 

Extrait: "En un éclair affluaient dans sa cervelle toutes les leçons reçues de Syrio Forel. Prompt comme un daim. Silencieux comme une ombre. La peur est plus tranchante qu'aucune épée. Preste comme un serpent. Calme comme l'eau qui dort. La peur est plus tranchante qu'aucune épée. Fort comme un ours. Intrépide comme une louve. La peur est plus tranchante qu'aucune épée. La peur est plus tranchante qu'aucune épée. La poignée de sa latte était gluante de sueur lorsqu'elle atteignit, hors d'haleine, le palier de la tourelle et une seconde, s'y pétrifia: haut? bas? Grimper menait par le pont couvert qui enjambait la petite cour, droit à la tour de la Main, mais on compterait précisément qu'elle eût emprunté cet itinéraire. Ne jamais faire le geste escompté. Elle dévala quatre à quatre le colimaçon qui, à force de tournicoter, débouchait sur l'antre d'un cellier. Empilés sur une hauteur de vingt pieds, des fûts de bière s'y discernaient , panse à panse, à la faveur de la maigre lumière qu'au ras de la voûte diffusaient d'étroits soupiraux. Culs de sac. Point d'autre issue que par la voie d'accès... Mais elle n'osait pas remonter, ne pouvait pas non plus demeurer là. Il lui fallait retrouver Père et l'aviser du get apens. Père la protégerait." 

"Miss Peregrine et les enfants particuliers" de Ransom Riggs

"Miss Peregrine et les enfants particuliers" de Ransom Riggs. 
Ed. Bayard 2011. Pages 439. 
Titre Original: "Miss Peregrine's Home for Peculiar Children: Book 1" 

Résumé: Jacob est un ado comme les autres, excepté qu'il se pose des questions sur son mystérieux grand-père. Quelles sont ces étranges photos d'enfants qu'il lui montrait quand il était petit ? Les histoires qu'il lui contait sur eux étaient-elles vraies? Et pourquoi disparaissait-il aussi souvent ?
Tout s'accélère le jour où il le retrouve blessé dans son jardin. Jacob a vu des monstres, il en est sûr, et personne ne veut le croire. Il ne lui reste qu'à suivre les dernières instructions qu'a murmuré son grand-père avant de rendre son dernier souffle...

La 7 de la page 7: "Bien sûr, on l'avait maquillé pour un spectacle de cirque." 

"Miss Peregrine et les enfants particuliers" est une petite bombe de la littérature jeunesse. Non seulement l'histoire est particulièrement réussie mais les personnages sont spectaculaires. On y trouve du mystère, de l'angoisse mais toujours très bien dosés. Un adolescent sceptique en deuil tente de surpasser sa peine en essayant de comprendre les histoires de son grand père décédé. Ce qu'il découvre dépasse l'entendement. Affrontant des dangers qu'il ne pouvait entrevoir. Un petit fils aimant à la recherche de son grand père décédé qui, au final, se trouve lui même. Parsemée de créatures et d'enfants aux pouvoirs déroutants, l'histoire de Riggs, illustrée par des photos percutantes est une réussite du début à la fin. Rien n'est à jeter dans ce roman jeunesse qui devrait réjouir les jeunes mais aussi leurs parents. On attend la suite avec impatience. 

Extrait: "Chaque fois qu'il décrivait les monstres, il ajoutait de nouveaux détails épouvantables: ils empestaient comme de vieilles poubelles; ils étaient invisibles, mais on pouvait voir leurs ombres. Ils avaient dans la bouche des dizaines de tentacules grouillants qui jaillissaient soudain pour vous capturer et vous attirer dans leurs puissantes mâchoires. J'ai assez vite eu du mal à m'endormir le soir. Mon imagination fertile transformait le crissement des pneus sur la chaussée mouillée en halètements sous ma fenêtre; les ombres qui filtraient sous ma porte ressemblaient à s'y méprendre à des tentacules gris noir. J'avais peur des monstres mais j'étais tout excité à l'idée que mon grand père les avait combattus et qu'il était encore là pour le raconter." 

"Pride and Prejudice" de Jane Austen

"Pride and Prejudice" de Jane Austen. 
Ed. Penguin Popular Classics 1994. Pages 299. 

Résumé: Orgueil et préjugés est le plus connu des six romans achevés de Jane Austen. Son histoire, sa question, est en apparence celle d'un mariage: l'héroïne, la vive et ironique Elizabeth Bennett qui n'est pas riche, aimera-t-elle le héros, le riche et orgueilleux Darcy ? Si oui, en sera-t-elle aimée ? Si oui encore, l'épousera-t-elle ? Mais il apparaît clairement qu'il n'y a en fait qu'un héros qui est l'héroïne, et que c'est par elle, en elle et pour elle que tout se passe.

La 7 de la page 7: "Elizabeth Bennet had been obliged, by the scarcity of gentlemen, to sit down for two dances; and during part of that time, Mr Darcy had been standing near enough for her to overhear a conversation between him and Mr Bingley, who came from the dance for a few minutes, to press his friend to join in." 

Qui ne se souvient pas de Colin Firth sortant de l'eau, chemise humide, incarnant le somptueux Mr. Darcy? Et si cela ne vous donne pas envie de lire "Pride and Prejudice", on ne peut plus rien faire pour vous. Surtout que vous passeriez à côté d'un roman particulièrement réussi. Si le roman de Jane Austen est d'abord une histoire d'amour très complexe, il serait réducteur de ne voir dans "Pride and Prejudice" qu'un roman à l'eau de rose victorien. Car Elizabeth Bennet est, avant tout, une femme moderne dans un monde qui ne l'est pas. C'est elle qui choisit qui elle décide d'aimer. Elle décide de son destin. Même si le prix à payer pourrait être lourd, elle ne se laisse mener à la baguette par personne. Et ça, en 1813, c'est audacieux. Mais Austen met aussi également en évidence la différence des classes dans cette Angleterre bien structurée socialement. Bennet et Darcy ne sont pas du même monde et n'utilisent pas les mêmes codes. Ils ont donc énormément de mal à se comprendre et à communiquer entre eux. Dans l'intrigue elle même, il y a peu (ou pas) de choses à jeter. Le rythme est soutenu, l'écriture impeccable. Un vrai petit bijou de la littérature anglaise. 

Extrait: "Not all that Mrs Bennet, however, with the assistance of her daughters, could ask on the subject, was sufficient to draw from her husband any satisfactory description of Mr Bingley. They attacked him in various ways, with borefaced questions, ingenious suppositions and distant surmises, but at last obliged to accept the second hand intelligence of their neighbour, Lady Levers. Her report was highly favourable. Sir Williams had been delighted with him. He was quite young, wonderfully handsome, extremely agreeable, and, to crown the whole, he meant to be at the next assembly with a large party. Nothing could be more delightful_ To be fond of dancing was a certain step towards falling in love; and very lively hopes of Mr Bingley's heart were entertained." 

jeudi 20 octobre 2016

"Le trône de fer" de George R. R. Martin

"Le trône de fer" de George R.R. Martin. 
Ed. J'ai Lu 2015. Pages 479. 
Titre Original: "A Game of Thrones: Song of Ice and Fire"

Résumé: Il était une fois, perdu dans un lointain passé, le royaume des Sept Couronnes... En ces temps nimbés de brume, où la belle saison pouvait durer des années, la mauvaise toute une vie d'homme, se multiplièrent un jour des présages alarmants. Au nord du Mur colossal qui protégeait le royaume, se massèrent soudain des forces obscures ; au sud, l'ordre établi chancela, la luxure et l'inceste, le meurtre et la corruption, la lâcheté et le mensonge enserrèrent inexorablement le trône convoité. Pour préserver de l'ignominie les siens et la dynastie menacés se dresse alors, armé de sa seule droiture, le duc Stark de Winterfell, aussi rude que son septentrion natal. Mais, en dépit du pouvoir immense que vient de lui conférer le roi, a-t-il quelque chance d'endiguer la tourmente qui se lève ?

La 7 de la page 7: "Nous pourrions tout de même adopter une allure plus rapide non? dit Royce, une fois la lune entièrement levée." 

Si vous vous posez la question de savoir si on peut échapper au phénomène du "Trône de Fer", la réponse est oui. Je suis totalement passée à côté du phénomène télévisuel. Mais j'ai quand même voulu débuter le phénomène littéraire. Au final, ce premier tome du "Trône de Fer"? Au départ, il faut bien avouer que j'ai trouvé cela très long et ardu. Et lent en plus. Mais si on garde à l'esprit qu'il y a quand même déjà quinze tomes, on se rend compte par soi même qu'il faut bien que Martin installe ses personnages et un début d'intrigue crédible afin de happer son lecteur. Donc oui, au début, il faut bien s'accrocher et ne pas abandonner sa lecture même si, parfois, la tentation est grande. Toutefois, l'introduction est sauvée par des personnages déjà intrigants et particulièrement bien écrits et exploités. Martin met en place une mécanique infaillible basée sur des personnages forts et envoûtants. Et là, d'un coup, l'histoire s'emballe. Et il devient impossible de reposer ce livre. L'univers de Martin est sombre, froid et terriblement efficace. On sent qu'il maîtrise son sujet, il sait où il va. La découpe en chapitrage par personnages est également efficace car elle permet de conserver un suspens impressionnant tout au long de la lecture. De plus, cette structure permet de, déjà, observer une évolution chez certains personnages et de s'attarder sur certains détails de chacun d'entre eux. On s'attache sans s'en rendre compte. Le lecteur ne sait pas vraiment à qui se fier même s'il développe déjà certaines affinités. Un très bon début qui ne demande qu'une seule chose: qu'on lise la suite. Vite. 
Le préféré: Tyrion Lannister. 
Le plus détesté: Cersei Lannister. 

Extrait: "Ned mit un genou en terre. La proposition ne le surprenait pas. Dans quel autre but Robert eût il entrepris un si long voyage? La Main du roi occupait la deuxième place dans la hiérarchie des Sept Couronnes. Elle parlait de la même voix que le roi, menait les armées du roi, préparait les lois du roi. Elle allait parfois jusqu'à occuper le Trône de Fer, lorsque, malade, absent ou indisponible, le souverain devait renoncer à dispenser la justice en personne. Ainsi Ned se voyait il offrir des responsabilités aussi étendue que le royaume même. Seulement, c'était la dernière des choses au monde qu'il ambitionnât."

"Limonov" de Emmanuel Carrère

"Limonov" de Emmanuel Carrère.
Ed. P.O.L. 2011. Pages 489.

Résumé: « Limonov n’est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine ; idole de l’underground soviétique sous Brejnev ; clochard, puis valet de chambre d’un milliardaire à Manhattan ; écrivain branché à Paris ; soldat perdu dans les guerres des Balkans ; et maintenant, dans l’immense bordel de l’après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d’un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspends pour ma part mon jugement. C’est une vie dangereuse, ambiguë : un vrai roman d’aventures. C’est aussi, je crois, une vie qui raconte quelque chose. Pas seulement sur lui, Limonov, pas seulement sur la Russie, mais sur notre histoire à tous depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale »

La 7 de la page 7: "On le croisait au Palace, arborant une vareuse d'officier de l'Armée rouge." 

"Limonov" est un roman assez bien tourné qui joue sur la réalité et sur la fiction. Edouard Limonov a vraiment existé. Et Carrère nous livre ici une biographie soutenue. Le personnage d'abord. Complexe. On ne sait pas trop quoi en penser, tantôt aimable, tantôt médiocre. Que croire de cette biographie romancée? Où est la réalité et où se trouve la fiction de Carrère. Le texte envoûte. Efficace. Réfléchis. Carrère nous livre un roman qui se lit vite mais surtout qui se lit bien. On tourne les pages avec fluidité, avides que nous sommes de connaître la suite. Mais attention, ce roman est divisé en différentes parties qui, il faut bien l'avouer, ne sont pas vraiment égales. Mais cela ne nuit en rien à ce roman que chaque lecteur interprétera à sa façon. 

Extrait: "Si désireux qu'il soit de s'intégrer à une communauté, il en a assez d'eux. Et comme il en a assez aussi des émigrés russes, il transporte sa valise de l'hôtel Winslow, leur quartier général, à l'hôtel Embassy, encore plus minable si possible mais exclusivement fréquenté par des Noirs toxicomanes et prostitués des deux sexes, qu'il juge plus élégants. Il y est le seul Blanc, mais il ne détourne pas car, comme l'a remarqué Carol dans la bouche de qui ça ne semblait pas un compliment, il s'habille comme un nègre. Dès que le déménagement d'un quelconque rabbin lui a rapporté quelques dollars, il les investit dans la sape, d'occasion mais voyante: ses costumes rose et blanc, ses chemises à jabot de dentelle, ses vestes de velours mauve frappé, ses bottines à talons bicolores lui valent la considération de ses voisins. Et lui rapporte le dernier de ses fidèles, Liona Kossogor, en sachant qu'il lui fera plaisir, la rumeur enfle chez les émigrés. On le disait pédé, tchékiste, suicidé, on dit maintenant qu'il vit avec deux putes noires et qu'il est maquereau."

"Le vin de la jeunesse" de John Fante

"Le vin de la jeunesse" de John Fante.
Ed. 10/18 2002. Pages 329. 
Titre Original: "The Wine of Youth" 

Résumé: "Personne ne sait mieux que Fante dire les humiliations de l'enfance, les espoirs insensés et déçus, les rages au coeur et au ventre, les tendresses frustrées, les désirs impétueux. Personne ne sait dire aussi bien cette enfance-là, avec ses drames et ses rêves. Sans eau de rose, sans trémolos, avec une émotion vibrante et sèche. Le Vin de la Jeunesse est à coup sûr un grand classique de la littérature sur l'enfance."

La 7 de la page 7: "Ma mère en eut assez." 

John Fante n'est jamais aussi juste que quand il semble mêlé autobiographie et fiction. Avec "Le vin de la jeunesse", il aborde, magistralement, les thèmes de l'enfance, de l'émigration italienne mais aussi la religion. Au détour de chaque phrase, on entre un peu plus dans cette famille unique et pourtant si semblable à des milliers d'autres. Chaque mot est à sa place, chaque phrase est intelligemment composée. Fante nous livre avec "Le vin de la jeunesse" un texte maîtrisé et envoûtant, tout en restant d'une sobriété saisissante. Pourtant, il touche à des sujets importants, mais il le fait avec brio. Il nous livre son personnage et nous raconte une histoire attachante. La sienne ou pas, n'est pas la question tant le livre est réussi. La structure nous emmène partout  mais surtout à l'éveil à la religion. Intrinsèque au personnage, on y perçoit une relation à Dieu qui évolue et qui résonne de justesse. Roman sur l'enfance, sur ses illusions et, parfois, sa magie. Tout est important mais rien n'a d'importance. Sublime. Tout simplement. 

Extrait: "Cette année là, l'équipe de football est composée d'Irlandais et d'Italiens. Les premières lignes sont irlandais, mais au fond de terrain il y a quatre italiens, dont moi. Nous formons une bonne équipe et gagnons de nombreux matches. Mes camarades sont d'excellents joueurs qui travaillent la main dans la main. Mais je déteste mes trois compatriotes du fond de terrain; notre nationalité nous ridiculise. L'équipe me nomme capitaine, je mets au point des tactiques codées et force mes compatriotes du fond de terrain à commettre le moins de fautes possible. Le journal de l'école et les journalistes sportifs de la ville nous surnomment bientôt les Prodigieux Ritals. J'interprète cela comme une insulte. Un après midi, à la fin d'un match important, un groupe d'élèves quitte la tribune principale pour rejoindre l’extrémité du terrain et improviser quelques cris de guerre. Trois fois, ils lancent un hourra pour les Prodigieux Ritals. Ça me rend malade. Je sens des grenouilles dans mon estomac; après le match, je rends mon équipement et démissionne de l'équipe." 

"The woman in cabin 10" de Ruth Ware

"The woman in cabin 10" de Ruth Ware
Ed. Harvill Secker (London) 2016. Pages 344. 

Résumé: The Nothern Lights. A luxury press launch on a boutique cruise ship. A chance for a travel journalist Lo Blacklock to recover fromna traumatic break-in. Except things don't go as planned.
Woken in the night by screams, Lo rushes to her window to see a body thrown overboard from the next door cabin. But the records show that no one ever checked in to that cabin, and no passengers are missing from the boat. Exhausted, emotional and increasingly desperate, Lo has to face that she may have made a terrible mistake. Or she is trapped on board a boat with a murderer, and she is the sole witness...

La 7 de la page 7: "It was around 4 A.M." 

J'avais déjà lu, en français, "In a dark, dark wood" de Ruth Ware. Si j'avais trouvé l'intrigue un peu prévisible, le livre n'en était pas moins réussi dans sa structure et dans son écriture. C'est donc avec entrain que j'ai commencé le nouveau roman de Ruth Ware. Nous nous engageons donc sur ce bateau en compagnie de personnages attachants mais également très intrigants mais surtout très bien travaillés. Son personnage principal, une journaliste fortement paumée, nous emmène dans sa psychose et sa paranoïa avec brio. On doute de tout et de tous. On est enfermé sur ce bateau à essayer de comprendre et surtout de résoudre une intrigue assez bien ficelée. Cependant, sa journaliste n'en est pas pour autant sympathique. Si elle a un côté torturé assez bien développé, ses choix sont parfois douteux et on a du mal à suivre ses actions, parfois illogiques. Mais l'intrigue est assez solide pour passer outre quelques défauts. Un bon thriller qui se laisse lire avec plaisir. 

Extrait: "I felt the walls of the ballroom closing in on me, the blackness seeming to swallow me whole. Stop panicking, I told myself. No one's hurt you. No one's broken in. Chances are it's just a maid come to turn down the bed, or the door shutting by itself. Stop. Panicking."

"Divergent" de Veronica Roth

"Divergent" de Veronica Roth.
Ed. Nathan 2012. Pages 436.
Titre Original: "Divergent"

Résumé: Dans le Chicago dystopique de Béatrice, la société est divisée en cinq factions, chacune dédiée à la culture d'une vertu : les Sincères, les Altruistes, les Audacieux, les Fraternels, et les Erudits. Sur un jour désigné de chaque année, tous les adolescents âgés de seize ans doivent choisir la faction à laquelle ils consacreront le reste de leur vie. Pour Béatrice, la décision est entre rester avec sa famille et être qui elle est, les deux sont incompatibles. Alors, elle fait un choix qui surprend tout le monde, y compris elle-même.
Mais Tris a aussi un secret, celui qu'elle a caché à tout le monde parce qu'elle a été averti qu'il peut signifier la mort. Et comme elle découvre un conflit croissant qui menace de percer cette société en apparence parfaite, elle apprend aussi que son secret pourrait l'aider à sauver ceux qu'elle aime. . . ou pourrait la détruire.

La 7 de la page 7: "Mais il ne comprend pas" 

J'ai lu ce premier tome de cette saga assez populaire avec un peu d'appréhension. Mais maintenant le premier tome terminé, je dois avouer que je comprend l'engouement suscité par ce roman même si je ne le partage pas complètement. On reste dans la même optique que dans les "Hunger Games" et, en ce qui me concerne, ce n'est pas forcément un compliment. En effet, j'avais trouvé que les "Hunger Games" n'étaient qu'une pâle copie du "Battle Royale" japonais et j'avais peur que "Divergent" soit créé dans le même moule. Même si on peut argumenter que "Divergent" reste dans la même optique que les "Hunger Games", force est de constater que l'intrigue de Roth est tout de même plus travaillée. J'attends de lire le deuxième tome afin de me faire une idée plus concrète de cette saga, mais pour l'instant, je reste sur un bon livre jeunesse qui, certes, ne transcende pas le genre mais se laisse lire avec plaisir. 

Extrait:" Chez moi, il n'y a pas de miroir. Il se trouve à l'étage sur le palier, derrière un panneau coulissant. Les règles de notre faction m'autorisent à m'y regarder le deuxième jour de chaque trimestre, quand ma mère me coupe les cheveux. Je m'assois sur le tabouret et elle se tient derrière moi avec les ciseaux. Mes mèches tombent par terre en formant de lourds anneaux. Quand elle a terminé, ma mère et en fait une torsade qu'elle noue en chignon. Son calme et sa concentration m'impressionnent. Elle a une longue pratique dans l'art de s'oublier. Je ne peux pas en dire autant. Je jette un coup d'oeil furtif sur mon reflet pendant qu'elle ne fait pas attention; non par vanité mais par curiosité. On peut changer beaucoup physiquement en trois mois. Dans le miroir, je vois un visage étroit, de grands yeux ronds et un long nez aquilin. J'ai toujours l'air d'une petite fille, pourtant je viens d'avoir seize ans. Les autres factions fêtent les anniversaires, mais pas nous. Ce serait du narcissisme."

jeudi 13 octobre 2016

"Marche ou crève" de Stephen King

"Marche ou crève" de Stephen King
Ed. J'ai Lu 1999. Pages 344. 
Titre Original: "The Long Walk" 

Résumé: " Il m'a fallu du temps pour comprendre, mais c'est allé plus vite une fois que j'ai surmonté ce blocage mental. Marche ou crève, c'est la morale de cette histoire. Pas plus compliqué. Ce n'est pas une question de force physique, et c'est là que je me suis trompé en m'engageant . Si c'était ça, nous aurions tous une bonne chance. "
Ainsi Mc Vries définit-il l'horrible marathon auquel il participe ; marcher le plus longtemps possible, sans jamais s'arrêter, en respectant des cadences. Fautes de quoi, les concurrents de cette longue "longue marche" sont abattus d'une balle dans la tête.
Des cent concurrents au départ, il ne restera qu'un seul à l'arrivée qui aura, pour prix de son exploit, la possibilité de posséder tout ce qu'il désire. S'il désire encore quelque chose...

La 7 de la page 7: "La brise faisait danser des ombres sur la chaussée." 

Stephen King n'est jamais aussi bon que quand il veut nous faire passer un message. Et on peut, sans sourciller, déclarer que "Marche ou crève" fait partie de ces romans qu'on referme en se disant qu'on vient de prendre une bonne gifle en plein visage. Et pourtant l'intrigue est simplissime: les personnages doivent marcher sinon, ils crèvent. La longue marche imposée aux participants est une sorte de métaphore de la vie. Les personnages sont chacun d'entre nous. Et chacun d'entre-eux a une philosophie de la marche qui diffère de celles des autres. Certains marchent en ne se souciant que de leur survie en se fichant que les autres tombent. D'autres se soutiennent entre eux alors même qu'ils savent qu'il ne peut y avoir qu'un seul gagnant. Enfin certains abandonnent avant même d'avoir essayer. Peut-on vraiment gagner cette marche? 
Stephen King nous livre une théorie de la vie bien sombre et pourtant efficace. Nous aussi nous marchons en compagnie de ces personnages auxquels on finit par s'attacher. Inlassablement, on les suit. Pour le meilleur comme pour le pire. Un très grand Stephen King. 

Extrait: "J'ai encore envie de vivre, dit brutalement Parker. Toi aussi, me raconte pas d'histoires, Garraty. Ce mec, McVries, et toi, vous marchez ensemble et vous déconnez entre vous à propos de l'univers ou je ne sais quoi, c'est rien que des conneries mais ça passe le temps. Mais ne me raconte pas d'histoires. Le résumé, c'est que t'as envie de vivre. Comme la plulpart des autres. Ils vont mourir lentement. Ils vont mourir morceau par morceau. J'y passerai peut-être mais, en ce moment, je me sens d'attaque pour marcher jusqu'à La Nouvelle-Orléans avant de tomber à genoux devant ces pétards mouillés dans leur tacot."


mercredi 12 octobre 2016

"Le Liseur" de Bernhard Schlink

"Le Liseur" de Bernhard Schlink
Ed. Folio 2003. Pages 243. 
Titre Original: "Der Vorleser" 

Résumé: A quinze ans, Michaël fait par hasard la connaissance, en rentrant du lycée, d'une femme de trente-cinq ans dont il devient l'amant. Pendant six mois, il la rejoint chez elle tous les jours, et l'un de leurs rites consiste à ce qu'il lui fasse la lecture à haute voix. Cette Hanna reste mystérieuse et imprévisible, elle disparaît du jour au lendemain. Sept ans plus tard, Michaël assiste, dans le cadre de des études de droit, au procès de cinq criminelles et reconnaît Hanna parmi elles. Accablée par ses coaccusées, elle se défend mal et est condamnée à la détention à perpétuité. Mais, sans lui parler, Michaël comprend soudain l'insoupçonnable secret qui, sans innocenter cette femme, éclaire sa destinée, et aussi cet étrange premier amour dont il ne se remettra jamais. Il la revoit une fois, bien des années plus tard. Il se met alors, pour comprendre, à écrire leur histoire, et son histoire à lui, dont il dit : "Comment pourrait-ce être un réconfort, que mon amour pour Hanna soit en quelque sorte le destin de ma génération que j'aurais moins bien su camoufler que les autres ?

La 7 de la page 7: "On ne voit personne, on entend rien, même pas un moteur au loin, ni le vent, ni un oiseau." 

"Le Liseur" est un roman particulier. Premièrement, il est très bien écrit mais dans une tradition très germanique. Le pathos est certes présent mais toujours avec une certaine distance, une certaine froideur. C'est particulièrement flagrant ici, puisqu'on est quand même en présence d'un roman où l'amour est une grande composante et pourtant on reste à distance de cet amour. Schlink parvient également de nous parler de la guerre sans pour autant réellement l'aborder en dehors du contexte du procès. Ce dernier n'est pourtant qu'un prétexte à un autre sujet. Deuxièmement, l'écriture empêche l'attachement aux personnages. Toujours cette distance où l'émotion est mise de côté. Enfin, la fin. Ce grand secret inavouable que l'on "découvre" à la fin. Or on se doute de ce "secret" depuis le début du roman. On est donc étonné que cela n'effleure pas le personnage principal. Même s'il est vrai qu'il est totalement auto-centré, on reste perplexe face à son étonnement lorsqu'il découvre ce fameux "secret". C'est probablement le point de vue de Schlink, nous donner un être totalement hermétique à ce qui ne ne concerne pas directement. Il nous offre un personnage aux airs froids et antipathiques, un héro germanique. Même si certains "défauts" gâchent un peu le plaisir de lecture, "Le Liseur" reste un roman agréable à lire et comme il est assez court, on a pas cette désagréable sensation d'avoir perdu son temps. 

Extrait: "Lorsque, sur les avions, les moteurs sont en panne, ce n'est pas la fin du vol. Les avions ne tombent pas du ciel comme les pierres. Ils continuent en vol plané, pendant une demi-heure à trois quart d'heure quand il s'agit des énormes avions de ligne à plusieurs réacteurs, pour ne s'écraser qu'au moment où ils tentent d’atterrir. Les passagers ne s'aperçoivent de rien. Moteurs coupés, le vol ne donne pas une sensation différente de quand ils marchent. Cela fait moins de bruit, mais juste un peu moins, c'est clair, fendu par la carlingue et les ailes, qui fait plus de bruit que les réacteurs. A un moment, par les hublots, la terre ou la mer apparait dangereusement proche. Ou bien on passe un film, et stewards et hôtesses ont baissé les rideaux. Peut-être les passagers trouvent-ils même ce vol un peu plus silencieux particulièrement agréable. Cet été-là fut la descente en vol plané de notre amour. Ou plutôt de mon amour pour Hanna; de son amour pour moi, je ne sais rien. "

"L'Homme de Saint-Péterbourg" de Ken Follet

"L'Homme de Saint-Pétersbourg" de Ken Follet. 
Ed. Le Livre de Poche 1994. Pages 450. 
Titre Original: "The Man from St-Petersburg" 

Résumé: À la veille de la Première Guerre mondiale, un envoyé du tsar, le prince Orlov, arrive à Londres avec pour mission de renforcer l’alliance entre la Russie et le Royaume-Uni.
En même temps que lui, débarque dans la capitale anglaise un redoutable anarchiste échappé du fond de la Sibérie...
Dans le duel qui va opposer ces deux hommes, de grands personnages sont en cause, dont un certain Winston Churchill, pour l’heure Premier Lord de l’Amirauté, et la très belle Charlotte Walden, idéaliste et volontaire, fille de l’homme qui porte sur ses épaules le destin de l’Empire britannique.
Passions romantiques et suspense implacable, dans les derniers feux d’une Europe au bord du gouffre : maître incontesté du thriller d’espionnage, l’auteur du Code Rebecca nous offre ici un enivrant cocktail romanesque.

La 7 de la page 7: "Churchill avait l'air grave." 

Ken Follet n'est jamais aussi bon que quand il décide de jouer avec l'Histoire. Si "L'Homme de Saint-Pétersbourg" est un thriller, il joue également sur plusieurs des codes du roman d'amour comme sur des codes du roman d'espionnage. Donc comment vraiment bien définir ce roman? C'est assez compliqué. Et c'est justement pour cela que ce roman est une réussite. En effet, chaque genre est très bien utilisé par Follet. Tout y est vraisemblable. Tout se goupille magistralement. Et le résultat nous donne un roman agréable à lire et assez prenant. Un excellent moment de lecture. 

Extrait: "L’homme est l’animal le plus cruel de la terre. Et qui donc a choyé et développé les instincts de cruauté dans l’homme, si ce n’est le roi, le juge et le prêtre armés de la loi, qui faisaient arracher la chair par lambeaux, verser de la poix brûlante dans les plaies, disloquer les membres, broyer les os, scier les hommes en deux, pour maintenir leur autorité ? Que l’on calcule seulement tout le torrent de dépravation versé dans les sociétés humaines par la « délation » favorisée par les juges et payée par les écus sonnants du gouvernement, sous prétexte d’aider à la découverte des crimes. Que l’on aille en prison, et que l’on étudie là ce que devient l’homme, privé de liberté, enfermé avec d’autres dépravés qui se pénètrent de toute la corruption et de tous les vices qui suintent des murs de nos geôles."

"La trilogie berlinoise" de Philip Kerr

"La trilogie berlinoise" de Philip Kerr. 
Ed. Le Livre de Poche 2010. Pages 1015. 
Titre Original: "Berlin Noir" 

Résumé: Publiés pour la première fois dans les années 1989-1991, L'été de cristal, La pâle figure et Un requiem allemand évoquent l'ambiance du Ille Reich en 1936 et 1938, et ses décombres en 1947 Ils ont pour héros Bernie Gunther, ex-commissaire de la police berlinoise devenu détective privé. Désabusé et courageux, perspicace et insolent, Bernie est à l'Allemagne nazie ce que Phil Marlowe était à la Californie de la fin des années 30 : un homme solitaire témoin de la cupidité et de la cruauté humaines, qui nous tend le miroir d'un lieu et d'une époque. Des rues de Berlin " nettoyées " pour offrir une image idyllique aux visiteurs des Jeux olympiques, à celles de Vienne la corrompue, théâtre après la guerre d'un ballet de tractations pour le moins démoralisant, Bernie va enquêter au milieu d'actrices et de prostituées, de psychiatres et de banquiers, de producteurs de cinéma et de publicitaires. Mais là où la Trilogie se démarque d'un film noir hollywoodien, c'est que les rôles principaux y sont tenus par des vedettes en chair et en°os.*Heydrich, Himmler et Goering...

La 7 de la page 7: "Eh bien, je ne sais pas ce qu'il en pense, mais vers la fin de la guerre, si un soldat se comportait de manière satisfaisante, il lui était facile de décrocher une croix de fer de seconde classe." 

"La trilogie berlinoise" comprend, comme il l'est suggéré par son titre, trois romans. Dans ces trois romans, on y rencontre Bernie Gunther, un personnage phare de Kerr. Et quel personnage! Cynique et pourtant naïf. Dur et pourtant tendre. Impitoyable et pourtant compréhensif. Vous l'aurez compris, un personnage complexe qui ravi le lecteur. On voyage dans l'Histoire, une histoire sombre et pourtant, Kerr parvient à l'illuminer de sa plume et par l'intelligence de son écriture. Kerr nous introduit dans son monde, dans sa vision de l'Histoire et y implante sa patte. Le lecteur en redemande. 

Extrait: "Derrière l’immeuble où était situé mon bureau, se trouvait l’Alex, le quartier général de la police… qui considère aujourd’hui comme criminel le fait de parler irrespectueusement du Führer, coller sur la vitrine de votre boucher une affiche le traitant de «vendu», omettre de pratiquer le salut hitlérien ou se livrer à l’homosexualité. Voilà ce qu’était devenu Berlin sous le gouvernement national-socialiste: une vaste demeure hantée pleine de recoins sombres, d’escaliers obscurs, de caves sinistres… où s’agitaient des fantômes déchaînés qui jetaient les livres contre les murs, cognaient aux portes, brisaient des vitres et hululaient dans la nuit, terrorisant les occupants au point qu’ils avaient parfois envie de tout vendre et de partir."

mercredi 5 octobre 2016

"Un meurtre sera commis le ..." de Agatha Christie.

"Un meurtre sera commis le..." de Agatha Christie. 
Ed. du Masque 1994. Pages 170. 
Titre Original: "A Murder is announced" 

Résumé: "Un meurtre est annoncé, il aura lieu le vendredi 29 octobre à dix-huit heures trente à Little Paddocks."
Au village de Chipping Cleghorn, tout le monde découvre cette petite annonce dans la gazette locale en prenant son breakfast. On pense aussitôt à une amusante merder party imaginée par quelque facétieux. Aussi, tout le voisinage, émoustillé, rapplique-t-il à Little Paddocks pour attendre l'heure fatidique dans la bonne humeur. A dix-huit heures trente, la lumière s'éteint, et des coups de feu éclatent...
Mais c'est l'étranger, entré Dieu sait comment dans la maison, qui est retrouvé, effondré sur le parquet, son pistolet à la main. Mort.

La 7 de la page 7: "Il va y avoir un assassinat chez Miss Blacklock."

J'avais déjà lu ce roman il y a maintenant  vingt ans, aux bords d'une piscine. C'est vous dire si j'avais quelque peu oublié l'intrigue. Et en ces journées ensoleillées, je profite d'un jour de congé pour me replonger dans l'univers, toujours parfaitement orchestré de la reine du crime, Agatha Christie. Commençons par préciser que dans le monde littéraire de Christie, je suis plus une "Poirot" qu'une "Marple", belgitude oblige sans doute. Avec "un meurtre sera commis le..." on est en compagnie de Marple. Et ce n'est pas bien grave en ce qui concerne le Poirot en moi car, force est de constater que j'aime aussi cette vieille dame. Comme toujours avec avec Christie, on nous offre une multitude de personnages donc, comprendre, suspects. Mais l'originalité, ici, c'est que le meurtre est annoncé dès le départ dans le journal local. Comme une sorte de murder party qui va très mal tourné. Christie nous balade de personnage en personnage, de soupçons en résolutions. Et on la suit avec délectation. Mieux, on en redemande. "Un meurtre sera commis le..." s'inscrit dans les très bons Christie et les tout grands romans policiers. Une véritable réussite qui nous donne envie de nous replonger dans toute l'oeuvre de la reine du crime. 

Extrait: "Au même instant, comme par enchantement, la lumière revint. Avec le sentiment de vivre des minutes irréelles, les indigènes de Chipping Cleghorn qui se trouvait assemblés dans le vestibule de Little paddocks se rendirent brusquement compte du tragique de l'événement. La mort était là! La main du colonel Easterbrook était rouge de sang, une coulée pourpre s'allongent du cou de miss Blacklock, pour descendre sur son corsage, un inconnu qui avait cessé de vivre gisait en tas sur le parquet."

"La Maison hantée de Sallie" de Debra Pickman

"La Maison hantée de Sallie" de Debra Pickman. 
Ed. ADA 2011. Pages 366. 
Titre Original: "The Sallie House" 

Résumé: Dans ce livre, Debra Pickman nous raconte elle-même ce qu'elle, son mari Tony et leur fils nouveau-né Taylor ont vécu dans la désormais célèbre maison de Sallie, depuis le jour de leur arrivée jusqu'à celui où, terrorisés, ils se sont enfuis.
L'histoire de la maison de Sallie et du fantôme de la fillette pyromane qui la hantait a donné naissance à d'innombrables rumeurs et hypothèses de meurtre, de dissimulation, de racisme et de sévices.
Mais les Pickman savent, eux, ce qui s'est réellement passé, parce que non seulement ils l'ont vécu mais qu'ils y ont à peine survécu.
Pour la 1ère fois, Tony et Debra révèlent des détails inédits de leur calvaire.
Ils décrivent l'apparente fascination protectrice de Sallie envers leur bébé et racontent ce que c'était que de vivre avec des entités menaçantes qui les ont griffés, mordus et terrorisés.
Ils livrent ici leurs recherches de nature historique, leurs propres photographies et des extraits du journal personnel de Debra qui documentent leur séjour dans cette maison cauchemardesque qui continue de les hanter encore à ce jour.

La 7 de la page 7: "Nous fréquentions le même bar et nous nous sommes discrètement observés l'un l'autre pendant des mois avant de nous adresser la parole." 

Il y a des romans qui nous marquent à jamais et puis il y a ceux qui ne font que passer dans notre vie sans qu'on en garde un souvenir impérissable. Et puis il y a "La Maison hantée de Sallie"qui entre dans les deux catégories. Ce livre est tellement mauvais qu'on ne peut pas l'oublier. Sous caution d'une "histoire vraie", on nous sert une histoire complètement aberrante, sans queue ni tête. L'histoire frôle le ridicule et les personnages, vrais ou pas, sont complètement idiots. L'histoire? Affligeante. En un mot comme en cent, une perte de temps monumentale. Un très mauvais roman que je conseille à personne. 

Extrait: "Cependant, au cours de l'une de nos conversations, j'ai reçu quelques éclaircissements sur son attitude péremptoire en matière de fantômes. Il m'a raconté qu'une nuit, alors qu'il était enfant, il avait été terriblement effrayé par ce qu'il semblait être le fantôme d'un homme le regardant fixement depuis le placard de sa chambre. Le reste de son enfance et de sa vie d'adulte, il s'est tenu loin tant de la chambre que du placard."

"Le Prince de la Brume" de Carlos Ruiz Zafon

"Le Prince de la Brume" de Carlos Ruiz Zafon.
Ed. Robert Laffont 2011. Pages 210.
Titre original: "El Principe de la Niebla"

Résumé: 1943, Angleterre.
Pour fuir la guerre, la famille Carver s'installe dans un village perdu sur la côte. Mais, à peine franchie la porte de la maison, des événements étranges se produisent...
Avec leur nouvel ami Roland, Alicia et Max Carver vont peu à peu percer les secrets de la vieille demeure et apprendre l'existence d'un certain Caïn, surnommé le Prince de la Brume. Un personnage diabolique revenu s'acquitter d'une dette très ancienne...
Voilà les trois enfants lancés à la découverte d'épaves mystérieuses, de statuettes enchantées, de gamins ensorcelés... Une aventure extraordinaire qui changera leur vie à jamais.

La 7 de la page 7: "Sa mère sourit faiblement, comme elle le faisait toujours devant les démonstrations d'optimisme rayonnant de Maximilian Carver, cependant Max vit passer dans ses yeux une ombre de tristesse et cette extraordinaire lueur qui, depuis son plus jeune âge, le portait à croire qu'elle lisait dans l'avenir des choses que les autres ne pouvaient deviner." 

Si l'intrigue du "Prince de la Brume" n'est pas, en soi, révolutionnaire, on ne peut que constater que l'atmosphère du roman est particulièrement efficace et bien établie. Le lecteur est envahi par une ambiance feutrée et solitaire. On évolue dans un univers sépia, chaque page, plus cotonneuse que la précédente. On semble flotter dans ce roman en compagnie de personnages qui, à chaque fois qu'on tente de les appréhender s'évanouissent comme un nuage de brume. Il y a, ensuite, l'écriture. Diablement efficace. Chaque mot semble pesé et apposé à côté des autres avec minutie. Un très beau roman. 

Extrait: "Quand la pluie tombait ainsi, Max sentait que le temps s'arrêtait. C'était comme une trêve durant laquelle on pouvait laisser de côté son occupation du moment et, simplement, contempler de sa fenêtre durant des heures le spectacle de cette chute sans fin de larmes célestes. Il reposa le livre sur la table de nuit et éteignit la lumière. Lentement, baignant dans le son hypnotique de la pluie, il se laissa vaincre par le sommeil."

"Le tueur intime" de Claire Favan.

"Le tueur intime" de Claire Favan. 
Ed. Points 2011. 640 pages. 

Résumé: À quinze ans, Will a déjà conscience de sa différence. Solitaire, maltraité, il jette son dévolu sur une de ses camarades de classe. Ce qui n'aurait dû rester qu'une banale amourette devient une véritable obsession pour celui qui se révèle déjà comme un prédateur redoutable. Car Will est un tueur en série en devenir qui se construit pas à pas. Lorsqu'il estime le temps venu de livrer ses victimes au monde, il part sur les routes des États-Unis. Sa signature déroutante ne tarde pas à attirer l'attention du FBI. Pourtant, l'enquête de l'unité spéciale s'enlise. Un nouveau profiler, RJ, arrive alors en renfort dans l'équipe. Tous les espoirs reposent sur lui pour démêler les mises en scène de ce tueur diabolique.

La 7 de la page 7: "Elle rit de bon cœur." 

"Le tueur intime" est un thriller assez particulier et c'est justement ce qui en fait sa force. Claire Favan parvient à nous offrir un personnage et une atmosphère particulièrement malsains. On entre dans la tête de ce tueur impitoyable, on le voit ébaucher ses plans et c'est avec horreur qu'on assiste, impuissant, à l’exécution de ses actes terribles. On est livré pieds et poings liés à ce tueur à la psyché diabolique. On lit "Le tueur intime" en apnée. On tourne les pages avec méfiance tant la manipulation orchestrée par ce tueur est impitoyable. Aucun réconfort pour le lecteur, aucun arrêt, on continue, encore et toujours à sombrer dans la noirceur de cet homme qui détruit tout ce qu'il touche. Un excellent thriller.

Extrait: "Allongé sur son lit, Will lisait son livre d'histoire. Mais son esprit n'était pas du tout concentré. Il ne cessait de penser à Samantha. Il prononça son nom à mi-voix pour en savourer le son dans sa bouche et sur ses lèvres. Elle lui avait à nouveau adressé la parole et ce simple fait avait allégé sa situation. Qu'une si belle fille s'intéresse à lui voulait peut-être dire quelque chose? Les moqueries se faisaient plus rares, depuis quelques jours et il pouvait traverser la cour sas devoir se cacher. Bien sûr, il évitait au maximum Kent mais l'un dans l'autre sa vie s'arrangeait. Il avait l'impression que son cœur allait exploser sous l'effet du bonheur."