“Désolée, je suis
attendue” de Agnès Martin-Lugand.
Ed. Michel Lafon
2016. Pages 376.
Résumé: Yaël ne vit que pour son travail. Brillante interprète pour une
agence de renom, elle enchaîne les réunions et les dîners d'affaires sans
jamais se laisser le temps de respirer. Les vacances, très peu pour elle,
l'adrénaline est son moteur. Juchée sur ses éternels escarpins, elle est
crainte de ses collègues, et ne voit quasiment jamais sa famille et ses amis
qui s'inquiètent de son attitude. Peu lui importe les reproches qu'on lui
adresse, elle a simplement l'impression d'avoir fait un autre choix, animée
d'une volonté farouche de réussir. Mais le monde qu'elle s'est créé pourrait
vaciller face aux fantômes du passé.
La 7 de la page 7:
“Il y avait un petit côté crade, pas installé, avec des tabourets de bar
branlants et une télé au-dessus du bar.”
“Désolée , je suis
attendue” est ma première rencontre avec Agnès Martin-Lugand. Et certainement
pas la dernière. Ce roman est léger sans pour autant perdre de son sérieux ni
de son propos. Yaël est un personnage complexe mais surtout très réaliste. Même
si on a une petite idée des raisons qui l’ont conduites à devenir aussi froide
qu’une lasagne qu’on vient de sortir du congélateur, le récit reste très bien
construit et le rythme incite le lecteur à continuer. On a absolument pas
envie de laisser Yaël toute seule. On veut connaître son histoire. On
l’accompagne dans ses changements. Parfois on la giflerait bien, mais souvent
on a juste envie de la prendre dans nos bras et de la consoler, lui dire que
tout va bien se passer. Les autres personnages sont le tremplin de ses
changements. Ils sont crédibles, plus même, ils sont vrais. Si “Désolée, je
suis attendue” a un petit côté roman d’amour, c’est surtout un récit de vie et
de la manière dont nos choix et ceux des autres nous affectent ou, surtout,
comment on les laisse nous affecter. Un vrai bon moment.
Extrait: “Ce samedi-là, je pris mon temps en rentrant
dans la piscine. Sans savoir pourquoi, mon regard fit aimanté par une famille,
ils faisaient leurs courses du samedi, les enfants étaient déchaînés et les
parents avaient le teint brouillé et le regard partagé entre l’amour pour leurs
petits et la colère d’avoir été réveillés trop tôt un matin de week-end. La
femme du sentir que je les regardais, elle me jeta un coup d’œil peu amène et
envieux; j’avais grosso modo le même âge qu’elle, elle devait se dire que je me
pavanais dans ma tenue de sport dernier cri, avant de rentrer dans mon
appartement design et impeccablement rangé pour prendre une douche qui pourrait
durer plus d’une heure, pendant laquelle personne ne m’embêterait, et
qu’ensuite, si je le voulais, je pourrais profiter des derniers rayons de
soleil de l’automne et déjeuner d’un croque-madame en terrasse, avant de faire
quelques boutiques et de dépenser tout cet argent que j’emmaganisait en me
défonçant au travail.”
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire