jeudi 28 juillet 2016

"England, England" de Julian Barnes.


“England, England” de Julian Barnes.
Ed. Folio 2002. Pages 442.

Résumé: Jerry Batson, qui se définit comme un "accoucheur d'idées", va en vendre une assez sensationnelle à sir Jack Pitman, un excentrique milliardaire: créer sur l'île de Wight une sorte de gigantesque parc d'attractions rassemblant tout ce qu'il y a de plus typique, de plus connu en Angleterre. Cela va des blanches falaises de Douvres à Manchester United, de Buckingham Palace à Stonehenge, du mausolée de la princesse Diana au théâtre de Shakespeare.
Le projet est monstrueux, hautement risqué, et voilà qu'il se révèle être un énorme succès. La copie va-t-elle surpasser l'original? Et qu'adviendra-t-il si c'est elle que les touristes préfèrent visiter?

La 7 de la page 7: “Un aveuglement persistant aussi.”

“England, England” est un roman ambitieux et intelligent. Il met en avant toute l’absurdité des systèmes politiques et économiques qui ne fonctionnent absolument pas. On part d’une idée brillante et on devient témoin de l’écroulement des valeurs qu’on avait, au préalable, établies. Sur fond de divertissement, Barnes nous emmène dans un texte politique important et brillamment exécuté. Sans pour autant entrer dans un débat trop lourd, Barnes nous offre un très bon roman ou le fond et la forme se rejoignent pour une apothéose littéraire très réussie.

Extrait: “Sir Jack aimait faire l'éloge des plaisirs simples - et le faisait annuellement en tant que président honoraire de l'Association des Randonneurs -, mail il savait aussi qu'aucun plaisir n'était plus vraiment simple. La jeune laitière et son galant ne dansaient plus autour du mât enrubanné en attendant impatiemment de manger une tranche de pâté de mouton froid. L'industrialisation et l'économie de marché les avaient depuis longtemps fait disparaître. Manger n'était pas simple, et une reconstruction historique de l'ordinaire de la laitière se révélait extrêmement difficile. Boire aussi était plus compliqué à présent. Le sexe ? Seuls les nigauds ont jamais cru que le sexe était un plaisir simple. L’exercice ? La danse autour du mât était devenue une séance d’entraînement. L'art ? L'art était devenu l'industrie du spectacle.”

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