“La femme de hasard”
de Jonathan Coe.
Ed. Folio 2006. Pages
184.
Titre original: “The
Accidental Woman”
Résumé: Maria, une jeune fille de milieu modeste, vit aux environs de
Birmingham. Indifférente par choix, indécise par nature, elle trouve que l'on
fait beaucoup de bruit pour peu de chose. Que valent les succès aux examens et
les déclarations de Ronny qui l'aime désespérément, que penser des amis de
classe avec leurs vacheries et leurs cancans... Seul le chat, un exemple
d'indifférence satisfaite, lui donne à penser qu'une forme de bonheur est
possible. Mais comment être heureux lorsque votre vie est une succession
d'accidents, de hasards...
Premier roman de Jonathan Coe, "La femme de hasard" décrit une sinistre histoire, celle de Maria et ses désillusions. Toujours soucieux de lucidité et de démystification, Jonathan Coe se livre à une descente en flammes de toutes les institutions prisées dans la société et des formes couramment admises de bonheur, et fait de ce premier roman une œuvre exemplaire.
Premier roman de Jonathan Coe, "La femme de hasard" décrit une sinistre histoire, celle de Maria et ses désillusions. Toujours soucieux de lucidité et de démystification, Jonathan Coe se livre à une descente en flammes de toutes les institutions prisées dans la société et des formes couramment admises de bonheur, et fait de ce premier roman une œuvre exemplaire.
La 7 de la page 7: “Il ne tarda pas à replier
son pupitre et à quitter la pièce, à la grande satisfaction de Maria.”
“La femme de hasard”
est le premier roman de Jonathan Coe. Et le moins que l’on puisse dire que
c’est une réussite. L’écriture est particulièrement efficace La protagoniste
est humaine dans le sens strict du terme. Elle a également un côté qui peut
sembler froid et légèrement pathétique. Or il n’en est rien. Elle vit juste sa
vie, sans vague, sans remous. Comme toujours, Coe nous livre une critique
acerbe de la société britannique. Insulaire et repliée sur elle-même, elle
représente cette Angleterre statique et indifférente. Un roman assez court mais
diablement efficace.
Extrait: “Rien n’est plus misérable
que le souvenir du bonheur, position qu’on peut occuper de divers points de
vue, comme nous le verrons dans certains des chapitres suivants. Dans le même
ordre d’idées, à moins qu’il ne s’agisse d’un ordre d’idées opposée, rien n’est
plus plaisant que la perspective du bonheur, et quand je dis « rien, je
n’emploie pas ce mot à la légère. Car le bonheur en soi, se disait Maria,
n’avait guère de poids comparé au temps passé soit dans sa perspective, soit
dans son souvenir. En outre, l’expérience immédiate du bonheur paraissait
complètement détachée de l’expérience de son attente ou de son souvenir. Jamais
elle ne le disait, quand elle était heureuse : « C’est ça, le bonheur », et
jamais donc elle ne l’identifiait comme tel au moment où elle le vivait. Ce qui
ne l’empêchait pas de penser, quand elle ne le vivait pas, qu’elle avait une
idée très claire de ce qu’il recouvrait. La vérité, c’est que Maria n’était
vraiment heureuse que lorsqu’elle pensait au bonheur à venir, et je crois
qu’elle n’était pas seule à adopter cette attitude absurde. Il est plus
agréable, allez savoir pourquoi, d’éprouver de l’ennui, ou de l’indifférence,
ou de la torpeur, en se disant : dans quelques minutes, quelques jours, quelques
semaines, je serai heureux, que d’être heureux en sachant, fût-ce
inconsciemment, que le prochain sursaut intérieur nous éloignera du bonheur.
L’idée du bonheur, qu’il soit prospectif ou rétrospectif, éveille en nous des
émotions beaucoup plus fortes que la seule émotion du bonheur. Fin de
l’analyse.”
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