“Le Barbier de Séville” de
Beaumarchais.
Ed. Petits Classiques Larousse 2006.
Pages 206.
Résumé: Ah !
le triste sire ! Gros, court, gris, pommelé, rusé, blasé qui guette et furète,
gronde et geint tout à la fois. Il est encore avare, brutal, amoureux et
jaloux... Et la belle Rosine, sa jeune pupille, est l'infortunée victime de
cette odieuse flamme... Mais le ciel protège, dit-on, ceux qui s'aiment. Et
Figaro, le gai, l'impertinent, l'irremplaçable Figaro a tôt fait de voler au
secours de son maître le comte Almaviva. La belle est cloîtrée ? Le vieillard
méfiant ? Qu'à cela ne tienne ! Et le voilà qui court, trompe et invente
l'habile stratagème pour sauver les amants. Un enlèvement ? À la bonne heure !
La difficulté de réussir ne fait qu'ajouter à la nécessité d'entreprendre,
s'exclame le rusé.
La 7 de la page 7: “Figaro: Pourquoi?”
Commençons par prendre “Le Barbier
de Séville” pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une comédie. Bien sûr que le
propos de Beaumarchais est plus important qu’une simple comédie, mais nous y
viendrons plus tard. Donc, une comédie. Toute la structure de Beaumarchais va
dans ce sens. Une situation avec quiproquos et des personnages pittoresques qui
ne vont pas sans rappeler Molière. L’humour de Beaumarchais est basé sur une
certaine ironie et une fausse désinvolture. Il y a des décalages entre ce qui
est dit et ce que comprennent les personnages. Le public est complice de la
situation car il en sait plus que la plupart des personnages. Les dialogues
sont rapides et mettent énormément de rythme dans la pièce. “Le Barbier de
Séville” est donc une comédie de mœurs mordante avec une ironie sous-jacente
importante qui suit les règles théâtrales quasiment à la lettre. Mais quel est
le vrai propos de Beaumarchais? D’abord, sa pièce est un défi à la censure. La
France de cette époque est un pays où il faut être aimé de tous ou simplement
être plus malin que les autres. Donc Beaumarchais a besoin, tout d’abord, d’un
texte qui passera le test de la censure.
Or dans ce même texte, l’auteur se
moque de front de celle-ci:
“Le
comte: Ah! La Cabale! Monsieur l’auteur est tombé!”
Beaumarchais a donc été plus malin
que la censure en proposant un texte aux apparences inoffensives mais pourtant
acéré.
Derrière ce texte désinvolte se
cache une vérité sincère et d’époque (mais toujours actuelle)
“Figaro:
(...) Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer.” Les
temps ne sont pas bons à cette époque (ce n’est guère mieux aujourd’hui)
Car au-delà d’un pied de nez à la
censure, “Le Barbier de Séville” est surtout une critique importante de la
société française et de ceux qui la composent:
“Figaro:
En occupant les gens de leur propre intérêt, on les empêche de nuire à
l’intérêt d’autrui.”
Tout y passe, censure, clergé, abus
de pouvoir, les femmes:
“Bartholo:
Nous ne sommes pas ici en France, où l’on donne toujours raison aux femmes.”
On gardera surtout
le personnage de Figaro dont la dualité est multiple: valet qui mène la danse
ou encore valet qui se trouve être un érudit.
“Le Barbier de Séville” aura quand
même le mérite de mettre les bases afin que Rossini nous livre un opéra-bouffe
de cette comédie de mœurs qui met
en avant un futur encore plus glorieux pour Beaumarchais.
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