Ed. Folio 2012. Pages 101.
Titre Original: "E Disse"
Résumé: Un homme dont on ne connaît pas le nom est retrouvé,
épuisé, au bord d’un campement. Alpiniste courageux devenu simple
vagabond, il rejoint les siens et notamment son frère qui le recueille à
bout de forces. Il s’agissait de leur guide, mais sa disparition avait
fait perdre espoir au peuple tout entier. On découvre son histoire,
l’ascension difficile, lorsque soudain, face à la muraille, sa voix se
met à résonner : "Je suis Adonai (Yod) ton Elohim."
C’est ainsi que débute la déclinaison du Décalogue où chaque mot, chaque commandement, est percé par l’étude de la lettre.
Sans réduire son texte à un commentaire religieux, Erri De Luca met en scène une poétique biblique qui ne se dissocie jamais de la nature, ni de la puissance du langage : "Ils apprirent au pied du Sinaï que l’écoute est une citerne dans laquelle se déverse une eau de ciel de paroles scandées à gouttes de syllabes."
L’auteur condense la langue et la spiritualité pour raconter les Commandements dont il tire le plus beau. Il questionne, tord, et emporte ainsi le lecteur dans la fulgurance de ses histoires.
Ce mouvement s’intensifie jusqu’à atteindre deux petits textes que l’on retrouve comme deux suspensions au livre. Le premier, "Adieu au Sinaï", conte les bienfaits de la voix divine
du prophète et ses conséquences sur les corps. Tous les maux disparaissent dans un rapprochement charnel entre hommes et femmes. L’amour devra être la dernière consigne pour la nouvelle génération pressante. Puis De Luca nous plonge une dernière fois dans la problématique religieuse avec "En marge du campement". Il confie en quelques lignes, parmi les plus émouvantes de son oeuvre, l’équilibre entre intimité et distance qu’il entretient avec le peuple juif et avec sa langue sacrée.
C’est ainsi que débute la déclinaison du Décalogue où chaque mot, chaque commandement, est percé par l’étude de la lettre.
Sans réduire son texte à un commentaire religieux, Erri De Luca met en scène une poétique biblique qui ne se dissocie jamais de la nature, ni de la puissance du langage : "Ils apprirent au pied du Sinaï que l’écoute est une citerne dans laquelle se déverse une eau de ciel de paroles scandées à gouttes de syllabes."
L’auteur condense la langue et la spiritualité pour raconter les Commandements dont il tire le plus beau. Il questionne, tord, et emporte ainsi le lecteur dans la fulgurance de ses histoires.
Ce mouvement s’intensifie jusqu’à atteindre deux petits textes que l’on retrouve comme deux suspensions au livre. Le premier, "Adieu au Sinaï", conte les bienfaits de la voix divine
du prophète et ses conséquences sur les corps. Tous les maux disparaissent dans un rapprochement charnel entre hommes et femmes. L’amour devra être la dernière consigne pour la nouvelle génération pressante. Puis De Luca nous plonge une dernière fois dans la problématique religieuse avec "En marge du campement". Il confie en quelques lignes, parmi les plus émouvantes de son oeuvre, l’équilibre entre intimité et distance qu’il entretient avec le peuple juif et avec sa langue sacrée.
La 7 de la page 7 : "Il avait reçu une procuration pour vivre à leur place."
"Il dit" fait partie de ces livres avec lesquels il faut prendre son temps afin de savourer le texte. Chaque mot est bien choisi. L'écriture est soutenue et la plume particulièrement efficace.
De Luca revient sur l'Ancien Testament en mettant en scène certains personnages du Livre de manière onirique et poétique. Là où se joue le tour de force de De Luca, c'est que son roman n'est absolument pas un essai philosophique. On pourrait croire qu'on s'en approche mais De Luca met en avant le côté "romanesque" de son histoire. On vacille entre philosophie, roman et voyage onirique particulièrement pertinent.
Le livre est court, l'auteur va à l'essentiel sans que jamais son roman ne devienne une prise de position ou un cours religieux.
Une vraie découverte.
Extrait: "La légende dit qu'un ange efface le souvenir de ce qu'un nouveau-né a connu dans le ventre de sa mère. Il faut vider son sac avant de naître. Dans le placenta, les enfants connaissent tout le passé, les langues, les aventures, les dangers et les métiers. Leur squelette est devenu poisson, reptile, oiseau avant de s'arrêter à la dernière station. L'effort d'expulsion du corps de la mère sert à oublier. La rupture des eaux ouvre la brèche qui se referme aussitôt derrière, après le plongeon dans le vide. Tel est le monde pour celui qui vient d'un ventre. Le saut dans le sec produit l'annulation de toute la sagesse accumulée dans le sac du placenta. On s'enracine mieux en oubliant d'où l'on vient."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire