Ed. 10/18 2013. Pages 272.
Titre Original: "Ask the dust"
Résumé: On découvre dans "Demande à la poussière" une bourrasque littéraire qui
conte les aventures d'Arturo Bandini, Rital du Colorado. Dans la lignée
de Faulkner, et avant Charles Bukowski ou Jim Harrison, Fante ouvre une
piste balayée par les poussières chères à l'Ouest sauvage. Elle se
termine sur l'océan Pacifique, après moult détours, cuites et amours
sans lendemain. Arturo Bandini, c'est l'alter ego de John Fante, fils de
maçon bouillonnant, arpenteur de la dèche, écrivain avant tout. Arturo
Bandini, c'est aussi toute l'enfance de l'immigré italien, la misère,
l'humiliation de la mère trompée, les raclées du père. Les romans de
Fante sentent la chaleur écrasante ou le froid mordant, les routes
interminables, les chambres d'hôtel moites et les amoureuses sensuelles.
La 7 de la page 7: "A l'hôtel ils l'avaient tous lu aussi, Le Petit Chien Qui Riait, tous tant qu'ils étaient: une histoire à vous en faire mourir chaque page, et pas une histoire de chien non plus."
Si vous me demandez mon avis, à partir du moment où Charles Bukowski fait la préface d'un livre, je suis presque certaine d'aimer le livre en question. "Demande à la poussière" commence par une préface de Bukowski.
Et évidemment que j'ai aimé ce petit bijou littéraire. Bandini, alter-ego de Fante est détestable et touchant en même temps. Il hait les femmes et les aime tellement (mal certes, mais il les aime quand même) Dans cet Ouest poussiéreux et chaud, Bandini, auteur de nouvelles qui se prend pour le plus grand écrivain du monde, tombe amoureux de Camilla, serveuse au Colombia Buffet. Il l'aime et il la hait. Il s'aime et il se hait. Celui qui pense être au-dessus des autres n'est que poussière comme tout un chacun. Il hésite entre richesse et pauvreté. On a qu'une seule envie: le gifler car il est odieux. Et en même temps, on dodeline de la tête en se demandant comment cet enfant qui se prend pour un homme va se sortir de ce doux sac de nœuds qu'il s'est lui-même créé.
Bandini ne comprend pas qu'on ne puisse pas l'aimer. Lui, le grand Bandini!
Comme son auteur, fils d'immigré italien, il assume totalement son côté "rital" tout en clamant son patriotisme américain. Il se cherche et croit se trouver dans les yeux et l'estime des autres. Il se trompe lourdement. Mais il insiste et coule. Mais la vie est ce qu'elle est. Si elle ne veut pas que quelque chose arrive, cela n'arrivera pas. Bandini l'apprend à ses dépends. Mais entre temps, Fante nous livre un joyau de la littérature américaine contemporaine.
Extrait: "Tout ce qui en moi était bon s'est mis à vibrer dans mon coeur à ce
moment précis. Tout ce que j'avais jamais espéré de l'existence et de
son sens profond, obscur. C'était ça, le mutisme absolu, la placidité
opaque de la nature complètement indifférente à la grande ville, le
désert sous les rues, le désert qui n'attendait que la mort de la ville
pour la recouvrir de ses sables éternels. J'étais soudain investi d'une
terrible compréhension, celle du pourquoi des hommes et de leur destin
pathétique. Le désert serait toujours là, blanc, patient, comme un
animal à attendre que les hommes meurent, que les civilisations
s'éteignent et retournent à l'obscurité. "
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