jeudi 8 octobre 2015

"La mort est mon métier" de Robert Merle

"La mort est mon métier" de Robert Merle
Ed. Folio 1998. Pages 370.

Résumé: Le Reichsführer Himmler bougea la tête, et le bas de son visage s'éclaira...
- Le Führer, dit-il d'une voix nette, a ordonné la solution définitive du problème juif en Europe.
Il fit une pause et ajouta :
- Vous avez été choisi pour exécuter cette tâche.
Je le regardai. Il dit sèchement :
- Vous avez l'air effaré. Pourtant, l'idée d'en finir avec les Juifs n'est pas neuve.
- Nein, Herr Reichsführer. Je suis seulement étonné que ce soit moi qu'on ait choisi...

La 7 de la page 7 : "Je m'agenouillai à mon tour, non pas à côté, mais derrière lui." 

Biographie de Rudolph Hess. Merle change son nom en Rudolph Lang. Dans "La mort est mon métier" Merle décrit implacablement la montée et la chute d'un Nazi de haut rang. On y découvre tantôt un homme charmant tantôt un homme froid, calculateur. 
Merle dresse le portrait clinique d'une Allemagne qui sombre vue à travers les yeux de Rudolph Lang. Le lecteur se sent parfois mal à l'aise par rapport au personnage. On parle ici d'un des monstres de notre histoire, mais on se surprend à se lier d'une certaine compassion pour Lang. Et c'est justement le coup de génie de Merle. L'humain reste un humain. Et quand on met ça en perspective d'un homme comme Hess, on se pose plus d'une question. Certains pourront se dire que, finalement, ce qu'ils ont aimé chez cet homme, c'est Lang, le double romancé de Hess. D'autres se diront simplement que tout n'est jamais ni blanc ni noir. 

Extrait: "Je passai la semaine qui suivit dans une angoisse terrifiante : le rendement de Treblinka était de 500 unités par 24 heures, celui d’Auschwitz devait être, selon le programme, de 3000 unités ; dans quatre semaines à peine, je devais remettre au Reichsführer un plan d’ensemble sur la question, et je n’avais pas une idée. J’avais beau tourner et retourner le problème sous toutes ses faces, je n’arrivais même pas à entrevoir sa solution. J’avais vingt fois par jour la gorge douloureusement serrée par la certitude de l’échec, et je me répétais avec terreur que j’allais lamentablement échouer, dès l’abord, dans l’accomplissement du devoir. Je voyais bien, en effet, que je devais obtenir un rendement six fois plus élevé qu’à Treblinka, mais je ne voyais absolument aucun moyen de l’obtenir. Il était facile de construire six fois plus de salles qu’à Treblinka, mais cela n’aurait servi à rien : il eut fallu avoir aussi six fois plus de camions, et là-dessus, je ne me faisais aucune illusion. Si Schmolde, en dépit de toutes ses demandes, n’avait pas reçu de dotation supplémentaire, il allait de soi que je n’en recevrais pas non plus." 

2 commentaires:

  1. J'ai vraiment eu le coup de cœur pour ce roman. Il est à la fois émouvant, terrifiant et très intéressant !

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    1. Je suis du même avis! J'avais dû le lire pour l'école mais les années avançant j'y suis toujours retournée pour un passage ou l'autre!

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