jeudi 1 octobre 2015

"Gone Baby Gone" de Dennis Lehane

"Gone Baby Gone" de Dennis Lehane. 
Ed. Rivages/Noir 2007. Pages 533. 

Résumé: Patrick Kenzie et Angela Gennaro, les deux héros de Dennis Lehane, sont chargés de retrouver une petite fille de quatre ans, Amanda, mystérieusement disparue un soir d’automne. Curieusement, la mère d’Amanda paraît peu concernée par ce qui est arrivé à sa fille, qu’elle avait laissée seule le soir du drame pour aller dans un bar.
Sa vie semble régie par la télévision, l’alcool et la drogue. Patrick et Angie découvrent d’ailleurs que la jeune femme travaillait pour le compte d’un dénommé Cheddar Olamon et qu’elle aurait détourné les deux cent mille dollars de sa dernière livraison. Olamon se serait-il vengé en kidnappant la fille de son « employée » ?

La 7 de la page 7: "Il l'a interrompue d'un geste, comme pour signifier que s'il devait tout déballer, c'était maintenant ou jamais." 


Quatrième volet des aventures de Kenzie et Genaro. Comme d'habitude, avec Lehane, on entre dans un Boston très sombre. On est vite projeté dans l'histoire, on entre directement dans le vif du sujet. Ses deux personnages principaux restent fidèles à ce qu'ils sont. Pour l'ensemble des personnages, on oscille entre le cynisme pur et dur et le pathétique douloureux. On se méfie de tous et de tout le monde. Surtout de ceux qui semblent sympathique. Ils doivent cacher quelque chose. On doute de tout, même de ce qui semble pourtant évident. On a tellement envie d'y croire qu'on nie se qui est juste là, sous notre nez. Et c'est justement là où réside la force de Lehane. Il nous emmène dans l'obscurité et on y reste, volontairement, prisonniers de son univers noir. 
Il y a beaucoup de personnages mais on ne s'y perd pas car Lehane les met bien en place au bon moment. 
Les descriptions sont particulièrement bien écrites et nous permettent de plonger dans l'horreur en même temps que Kenzie et Genaro. On est présent dans chaque pièce et on découvre l'horreur à travers leurs yeux. On est placé dans un rôle de témoin silencieux et invisible dans la noirceur de l'âme humaine. 
Les pages s'enchaînent et le dénouement se profile. Inattendu. On tombe des nues. On ose encore douter. On perd encore un peu plus foi en l'humanité. Les cartes se révèlent au fur et à mesure et on ne peut s'empêcher de continuer à tourner les pages. On a été abusé comme Kenzie et Genaro. On a cru à l'histoire qui maintenant s'effondre impitoyablement. On subit la fin comme une gifle. On veut savoir. On doit savoir. Et pourtant quand tout est là, on est encore réticent à y croire. Et plus on avance, plus on tombe de haut. 
Génialissime! Sans aucun doute, le meilleur tome de la saga à l'heure actuelle des choses. Il surpasse les trois premiers qui pourtant étaient déjà très bons. 
A lire et à relire sans aucune modération.

Extrait: "Suite au déclin de l'industrie du granit, les carrières sont devenues au fil des années l'endroit idéal pour se débarrasser de divers encombrants : voitures volées, cuisinières et réfrigérateurs cassés, cadavres. Tous les deux ou trois ans, quand un enfant se volatilise après s'y être aventuré ou quand un détenu de Walpole avoue à la police avoir précipité du haut d'une falaise une prostituée portée disparue, le site est passé au peigne fin et les journaux publient des cartes topographiques et des photos sous-marines révélant un paysage submergé des plus tourmentés : massifs montagneux, rochers brisés, pics déchiquetés s'élevant des profondeurs, soudaines avancées pierreuse. Autant de formes spectrales évocatrices d'une Atlantide noyée sous trente mètres d'eau de pluie.
Parfois, on retrouve les corps. Parfois, non. Les lacs des carrières, agités par des tempêtes subaquatiques de limon sombre provoquant de brusques changements dans leurs relief, riches de surplombs et de crevasses inexplorées, révèlent leurs secrets aussi facilement et fréquemment que le Vatican."

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