Ed. Attila 2010. Pages 506.
Titre Original: "The Nazi and the Barber. A Tale of Vengeance"
Résumé: 1933. Max, le fils bâtard de la pute Minna Schulz, s'enrôle dans les SS à
l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Affecté dans un camp d'extermination, où
disparaissent son meilleur ami (juif) et toute sa famille, il décide à
la fin de la guerre de se faire passer pour juif... et endosse
l'identité de son ami assassiné. Max Schulz, devenu Itzig Finkelstein,
épouse la cause juive, traverse l'Europe et rejoint la Palestine, où il
devient barbier et sioniste fanatique. Le Nazi et le Barbier fut, trente
ans avant Les Bienveillantes, le premier roman sur l'Holocauste écrit
du point de vue du bourreau. L'humour (noir) en plus.
La 7 de la page 7: "Je veux dire, il est pas juif."
Un ovni total et irrésistible. L'histoire, déjà. Un humour dérangeant mais dans lequel on se complait. Parce que "Le Nazi et le Barbier" est drôle. Très drôle. Et en même temps, on rit jaune ou on a un peu honte d'avoir osé "rire d'un sujet comme celui-là". Les personnages sont bien écrits et très originaux. On ne rentre pas ici dans des clichés parfois beaucoup trop faciles et parfois trop usés. L'histoire est rocambolesque et mérite d'être lue et relue à souhait.
Mais au-delà de toutes ces qualités indéniables: l'histoire, les personnages, la plume, le ton; c'est surtout le thème qui ici est parfaitement maîtrisé. On peut disserter sur le fait que ce livre traite du nazisme et de la deuxième guerre mondiale. Certes. Mais Hilsenrath décide aussi de s'attaquer au sionisme pur et dur. Un nazi qui devient sioniste, si ça c'est pas l'idée du siècle!
L'auteur, allemand, fait le choix de s'attaquer aux extrémismes en règle générale. En effet, il nous présente un personnage tout aussi nazi que sioniste. C'est absurde. Et pourtant, pas tant que ça. Hilsenrath met bien en avant que ce sont surtout les personnes qui sont extrémistes et cela quelle que soit leur cause. Max a besoin d'une idéologie qui pense à sa place. C'est un être méprisable du début à la fin. Il fait des choix amoraux et applique des idéologies sans se poser plus de questions que nécessaire. Emblème par excellence des extrémismes qui dirigent la pensée, "Le Nazi et le Barbier" est la preuve littéraire que quelles que soient les idéologies, quand elles sont portées à l'extrême, elles en deviennent toutes mauvaises. On est donc ici aussi en présence d'un plaidoyer politique et humain. Ne vous laissez pas mener par le bout du nez par des paroles proférées par les autres. Réfléchissez par vous-même. Et surtout, ne vous laissez jamais embobiner par de belles paroles. Max hait les juifs car il faut haïr les juifs. Max devient sioniste car il faut protéger ses terres dans son exil. Bref, il pense ce qu'on lui demande de penser sans jamais remettre le discours en doute.
Une très belle leçon de Hilsenrath.
Extrait: "Le bon Dieu n'a t il pas inventé l'innocence pour qu'elle se fasse
piétiner, écraser ici-bas...sur cette terre ? les faibles et désarmés ne
se font ils pas bousculer par les forts ? matraquer, violer, humilier,
enculer ? voire à certaines époques exterminer ? vrai ou faux ? et si
c'est vrai ....pourquoi dites vous que c'est Max Schulz qui a un grain?"
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